Se soigner naturellement avec les plantes est une valeur grandissante, à laquelle répond un marché florissant. La diversité de l’offre a développé un grand bazar, où se côtoient le pire et le meilleur. Comment s’y retrouver ?
Les diverses formes de phytothérapie classique…
L’usage des plantes se fait sous diverses formes. La phytothérapie classique utilise directement certaines parties de la plante sous forme d’infusions, de décoctions ou de teintures-mères. L’aromathérapie emploie les huiles essentielles obtenues par distillation. Ces deux formes sont très anciennes.
Aujourd’hui, on trouve des extraits liquides de plantes suivant des technologies très variées, des gélules contenant de la poudre ou des extraits déshydratés, des huiles essentielles de diverses qualités, des extraits technologiques utilisant le CO2 supercritique… L’intérêt de chaque forme repose souvent sur l’argumentaire non référencé des fabricants auquel on peut choisir de faire confiance ou non.
Plantes en gélules, un exemple, de déviance liée au marketing
Les plantes en gélules, popularisées dans les années 1980 par Arkopharma, ont répondu à un objectif marketing bien plus qu’à un objectif santé. Une gélule, c’est plus facile à prendre qu’un extrait alcoolique ! Mais il est évident que l’extraction qui se fait dans l’intestin lors de la rencontre de la poudre de plante avec les sucs digestifs ne peut rivaliser avec un extrait alcoolique obtenu à partir de la plante fraîche. Nul ne peut dire quelle est l’activité réelle des gélules, car elle n’a jamais été évaluée ! Il est en revanche évident que cette forme va à l’encontre des usages traditionnels et ne peut pas donner le meilleur de l’activité.
De nouvelles préparations aux effets plus subtils
Plus récemment, sont apparues de nouvelles approches qui n’ont pas de bases traditionnelles.
– Préparation diluées et dynamisées à 1-2 CH, intermédiaires entre extraits classiques et homéopathie (Poconéols, complexes Lehning…). Leur mode d’action, forcément informatif à cette dose très faible, reste un mystère.
– Extraits de bourgeons et de jeunes pousses (gemmothérapie ou approche phyto-embryonnaire), dont l’action semble inclure les propriétés de la totalité de le plante, avec des principes actifs mais aussi, très probablement, une information qui transmet le potentiel du végétal.
– Élixirs floraux, issus des travaux d’Edward Bach, obtenus par infusions solaires de fleurs matures, puis fixation dans le Cognac. Ils sont destinés à agir sur les états psychiques.
Ces nouvelles formes exploitent des potentiels nouveaux, mettant en avant une action plus subtile, dont l’essentiel ne peut s’expliquer par la pharmacologie. Elles ont beaucoup de succès suite à des expériences positives relatées et transmises. Elles font l’objet de nombreuses spéculations conceptuelles. Elles manquent cependant d’évaluation objective, ce qui laisse la porte ouverte à toutes les croyances.
Trois niveaux de qualité…
– La seule qualité reconnue par les autorités sanitaires est une qualité pharmaceutique et/ou alimentaire, répondant à des normes industrielles. Elle demande de certifier le contenu et l’absence de toxiques connus au-delà des doses réglementaires. Ce qui est vraiment un minimum !
– La qualité naturelle est un grand flou, puisque l’on peut tout y mettre, dès lors que cela favorise la communication promotionnelle. Le label « agriculture biologique » est une garantie de culture sans engrais ni pesticides, mais il exclut le sauvage, ce qui pour les plantes est souvent la privation du meilleur ! La qualité naturelle de la plante cueillie ne garantit rien sur les traitements qui suivent…
– La qualité vibratoire marque l’harmonie de l’ensemble et la compatibilité avec les fréquences du monde vivant. Elle seule pourrait garantir le respect de la globalité naturelle de la préparation, mais elle est évaluée par des méthodes subjectives fortement dépendantes du testeur (radiesthésie, cristallisations), ou d’un programme informatique (appareil de biorésonance). Avec peu de reproductibilité d’un test à l’autre, et une valeur de résultat qui peut faire le grand écart selon le contexte dans lequel le produit a été testé.
… et trois types de circuits
Pour connaître la qualité d’un produit, il est bien difficile de s’y retrouver, à moins de faire l’effort de remonter la traçabilité et d’évaluer la compétence des intervenants aux diverses étapes. On pourrait ainsi différencier trois grandes catégories :
1. Produits industriels, dont les plantes sont issues de cultures ou de ramassage massifs avant de se retrouver chez des négociants grossistes qui fournissent des façonniers, puis chez des diffuseurs qui ne sont que des acheteurs/revendeurs s’approvisionnant au gré des marchés. Les prix sont généralement bas, à la mesure d’une qualité aux antipodes de la phytothérapie traditionnelle.
2. Produits semi-industriels, qui suivent un circuit plus court, des méthodes d’extraction plus rigoureuses, mais dont la traçabilité laisse souvent trop d’ombre pour garantir une qualité optimale. On trouve cependant quelques structures qui ont une réelle connaissance des plantes et une conscience professionnelle permettant de proposer, au final, des produits bien meilleurs que la filière industrielle.
3. Produits artisanaux, pour lesquels il y a une continuité de relation humaine entre cueilleurs, cultivateurs, extracteurs et thérapeutes. Le savoir-faire, la compétence et l’honnêteté sont alors déterminants pour garantir le meilleur. Le respect de l’habitat de la plante (zone de cueillette ou conditions de culture), du moment de cueillette, et l’optimum des conditions de séchage ou d’extraction, peuvent alors être respectés au mieux. Une telle qualité est difficilement compatible avec une production en quantité. La meilleure garantie est de connaître les personnes concernées. Il s’agit de retrouver ce lien direct et authentique entre les êtres que notre monde est en train de perdre, alors qu’il reste la clef de l’excellence humaine.
Quelques suggestions pour choisir un produit à base de plantes
En préalable, avant de se soigner soi-même, entreprendre une vraie formation avec des professionnels compétents, et éviter le « soignez-vous vous-même » très à la mode qui conduit à des bricolages à partir de livres ou de sites internet. Le plus souvent, c’est inefficace. Si le soin est inapproprié, même si cela ne se ressent pas distinctement, ce peut être parfois néfaste pour la santé globale.
Si l’on est suivi par un praticien de santé qui conseille des plantes, il est cohérent de se fier à ses indications sur le choix des produits, et de ne pas faire de substitutions. Contrairement aux médicaments originels et génériques, des produits à base d’une même plante peuvent être très différents.
Si l’on choisit soi-même ses produits, il convient d’être attentif à la qualité suivant les critères exposés ci-dessus. Préférer les circuits courts et les préparations locales, dès lors que l’on a confiance dans le producteur. À défaut, préférer les laboratoires spécialisés en phytothérapie qui assurent eux-mêmes la récolte et la préparation. De manière générale, préférer les extraits alcooliques aux gélules. Et si l’on veut s’investir pleinement, pourquoi ne pas apprendre à cueillir, cultiver, et faire soi-même les préparations ?
Pour un aperçu sur la législation des plantes :
Petit guide pratique sur la législation des plantes médicinales
Autre article sur le sujet :
Phytothérapie, une dispersion qui ne doit pas masquer une vraie médecine
Ce qui complique aussi les choses : nous avons perdu quasiment toute trace de la notion d’indications spécifiques pour les plantes. Le pourquoi serait trop long à expliquer ici.
Exemple : utiliser le bouillon-blanc pour les problèmes de toux se révèlera inefficace pour la plupart des cas. La personne en conclura que le bouillon-blanc ne vaut rien. Alors que la feuille de bouillon-blanc devrait s’utiliser dans le cas suivant : toux sèche, non productive, avec une gorge irritée, des quintes qui semblent secouer toute la cage thoracique. Le son est caverneux. (plus d’infos ici). Si la toux est descendue dans les bronches et est devenue productive, on utilisera d’autres plantes.
Ce n’est bien sûr qu’un exemple qui est valable pour toutes les plantes et toutes les préparations. Tout commence par la bonne association plante-personne-constitution, dans le détail, dans le spécifique. Sinon, beaucoup en concluront que « les plantes ne marchent pas »