Les cétones terpéniques forment un groupe important de principes actifs en aromathérapie.
Les huiles essentielles peuvent être abordées de diverses manières.
L’aromathérapie scientifique pose une base solide en précisant les propriétés validées par des recherches rigoureuses et les risques qui nécessitent des précautions d’emploi. Elle est le socle d’une approche globale de l’aromathérapie.
––
I – STRUCTURE DES CÉTONES ET DIVERSES FORMES D’ISOMÈRES
Structure générale
Une structure cétone est un composé organique, appartenant à la famille des composés carbonylés, dont un des carbones inclus dans une chaîne porte un groupement carbonyle C=O.
Elle est proche de la structure aldéhyde qui possède le même groupement carbonylé, mais en bout de chaîne, et donc associé à un hydrogène.
Une molécule monocétonique contient un groupement carbonyle.
Une molécule dicétonique en contient deux.
Le squelette carboné définit les différentes familles de dérivés cétoniques.
Les cétones terpéniques ont une chaîne carbonée linéaire ou cyclique dérivant de monoterpènes ou de sesquiterpènes. Ce sont les plus abondants et les dérivés cétoniques à activité connues.
Il existe aussi des cétones non terpéniques, peu abondantes et avec un rôle mal connu.
Isomères
Le nomenclature des isomères est la même que pour les terpènes et a été décrite dans un article précédent sur les monoterpènes.
Les isomères de chaîne identifiés par des lettres grecques (α, ß, γ, δ, ε), ont des structures biochimiques suffisamment distinctes pour être différenciées par l’analyse chromatographique.
Les diastéréoisomères (cis/trans) et les énantiomères (R/S) font entrer dans une grande complexité, et il est plus simple de considérer que les formes naturelles présentes dans les HE sont les forme actives, ce qui est en principe le cas. Parfois, on retrouve des isomères différents dans une même HE ou dans des HE différentes, avec des caractéristiques qui ne sont pleinement superposables.
–
II – LES SIX FAMILLES BIOCHIMIQUES DE CÉTONES TERPÉNIQUES
Selon l’organisation structurelle des carbones, on distingue 6 sous-familles de cétones terpéniques.
Le détail des structures est précisé sur une synthèse complète : Structure et classification des cétones.
Les principaux composés sont précisés dans le tableau suivant :
FAMILLE | Dérivés cétoniques |
Cétones monoterpéniques aliphatiques |
– artémisia cétone – tagéténone – sulcatone |
Cétones monoterpéniques monocycliques |
– cryptone – pulégone et isopulégone – menthone et isomenthone – pipéritone – carvone * – santolinénone |
Cétones monoterpéniques bicycliques – saturées |
– thuyone et isothuyone – bornanone (camphre) – fenchone – pinocamphone et isopinocamphone |
Cétones monoterpéniques bicycliques – insaturées |
– verbénone – pinocarvone – umbellulone |
Cétones sesquiterpéniques |
– α , ß et γ et atlantones – davanone – germacrone – érémophilone – α et ß vétivone – α et ß turmérone – α et ß cypérone – patchoulénone |
Cétones aromatiques |
– anisylcétone – zingérone – ar-turmérone – ar-atlantone – acétophénone et méthyl acétophénone – diosphénone (dicétone) |
* La carvone est rencontrée sous forme D (carvi, aneth) ou L (menthe verte), avec des odeurs différentes, mais des propriétés qui semblent similaires, la D-carvone étant cependant mieux documentée.
–
III – PROPRIÉTÉS DES CÉTONES TERPÉNIQUES
Pierre Franchomme (1) introduit sa présentation des cétones par deux caractéristiques générales :
1. Elles ont un tropisme pour l’ectoderme. Elles agissent sur la régénération et la cicatrisation du tissu cutané et des muqueuses. Elles agissent également sur le système nerveux avec un effet toxique.
2. Leur ionisation en fait des substances négativantes, d’autant plus que le nombre de carbones et d’insaturations augmente.
Il décrit pour les cétones terpéniques une inversion d’effet selon la dose :
– À très faibles doses, l’effet est stimulant, en particulier sur le système nerveux et le système cardiovasculaire.
– À doses plus élevée mais restant faible, l’effet est calmant, sédatif, hypothermisant.
– À fortes dose se manifestent des effets neurotoxiques (convulsions), abortifs, stupéfiants.
Les cétones terpéniques manifestent diverses propriétés : mucolytique, lipolytique, cicatrisante, cholagogue et cholérétique, anti-infectieuse, anti-inflammatoire et sédatives, dans divers secteurs de la physiopathologie :
1. Action sur la peau et les muqueuses
On observe un effet cicatrisant, régénérant du tissu cutané bénéfique lors des chocs et plaies accidentelles, des brûlures, des escarres, des ulcères.
Il y a également un effet désclérosant qui répare les proliférations excessives du processus de cicatrisation : cicatrice hypertrophique, chéloïde. Il y a un effet préventif s’il s’exerce au moment du processus de cicatrisation, en limitant le développement inapproprié de tissu conjonctif.
L’effet lipolytique, qui contribue à l’action désclérosante, peut aussi agir sur la cellulite.
L’effet kératolytique est décrit pour certains composés : thujone, pipéritone, fenchone…
☛ Les effets cicatrisants décrits en propriété générale des cétones sont en globalement mal documentés et non décrits pour la plupart des HE contenant des cétones terpéniques. Ils sont mis en avant pour le verbénone (romarin ABV), la fenchone (lavande stœchiade) et la turmérone (curcuma). Du fait de l’existence de nombreux actifs cicatrisants en aromathérapie, les HE à cétones terpéniques sont rarement présentes dans les mélanges destinés à soutenir la cicatrisation, alors qu’ils ont peut-être une place intéressante dans une synergie. La thuyone et la fenchone, avec leur pouvoir kératolytique, ont une place évidente lors du traitement de cicatrices anciennes formant des chéloïdes.
Les bénéfices sur la cicatrisation sont en revanche bien reconnu pour l’Hélichryse italienne contenant des italidiones, qui dont des dicétones non terpéniques.
2. Action sur les sécrétions
L’activité mucolytique et lipolytique améliore la fluidification des sécrétions au niveau des voies respiratoires et de l’appareil génital féminin, ce qui facilite leur évacuation. Elle pourrait être associée à une stimulation de la sécrétion, qui accélère le processus d’élimination.
☛ La fluidification des secrétions bronchiques ou vaginales est une indication bien établie des cétones terpéniques, avec un usage pour ces indications de la plupart des HE en contenant en proportion notable.
3. Action sur le foie
L’activité cholérétique (production de bile) et cholagogue (l’élimination de la bile formée) soutient les insuffisances hépatobiliaires.
☛ l’insuffisance hépatobiliaire est l’autre indication bien établie pour les HE contenant des cétones terpéniques, en particulier la menthone, la carvone, la verbénone, le camphre, la pipéritone.
4. Activité anti-infectieuse
Les cétones ne sont pas une famille anti-infectieuse majeure de l’aromathérapie.
– L’effet antiviral semble indirect, en limitant la fixation des virus sur leurs récepteurs cellulaires.
– L’effet antibactérien est inconstant, du fait d’un spectre étroit.
– L’effet antifongique semble surtout intéressant en synergie avec d’autres principes actifs sur les champignons, en favorisant l’accès aux zones infectées et l’élimination des germes par l’action lytique sur les tissus infectés.
– L’effet anti-infectieux le plus intéressant est antiparasitaire, notamment sur les helminthes (vers). La voie transcutanée, près de la zone infestée, est la plus intéressante. Il y a une synergie avec les lactones. L’action est vermifuge à dose modérée et peut devenir vermicide à plus forte dose.
☛ L’activité anti-infectieuse est complexe, et conduit à des utilisations combinées avec d’autres actifs synergiques en fonction de l’objectif recherché.
L’effet antiparasitaire pourrait être intéressante dans un domaine où les synergies sont utiles. Il est cependant difficile de savoir quels dérivés sont réellement actifs. L’HE de certaines espèces d’Artemisia et celle de santoline, qui contiennent de l’artémisia-cétone, sont connues pour cet effet, mais elles sont rares et d’utilisation difficile par voie orale du fait de la toxicité potentielle. Le curcuma est également décrit comme actifs contre les parasitoses.
5. Activité sédative : spasmolytique, antalgique, anti-inflammatoire
Des effets anti-inflammatoires, antalgiques et spasmolytiques sont décrits. Ils seraient en théorie favorisé par le caractère négativant qui augmente avec le nombre de carbones et d’insaturations.
L’effet spasmolytique (avec des effets antalgiques) est décrit pour le camphre (muscles lisses et striés), pour la carvone et la menthone (muscles lisses), associé à des effets anti-inflammatoires.
L’effet anti-inflammatoire semble plus marqué pour la turmérone (curcuma).
–
IV – EFFETS INDÉSIRABLES DES CÉTONES TERPÉNIQUES
Les cétones ont la toxicité potentielle la plus élevée des principes actifs présents dans les HE. Ils font l’objet de mise en garde multiples, qui pour éviter tout risque, surévaluent le danger, ce qui conduit à éviter l’utilisation de certaines HE malgré leurs propriétés intéressantes.
Ce danger est réel, avec des effets neurotoxiques, abortifs, et à un degré moindre hépatique.
La neurotoxicité est la conséquence du passage de la barrière hémato-encéphalique et de la déstructuration progressive des gaines de myéline, perturbant la signalisation électrique dans le cerveau.
L’effet abortif pourrait-être la conséquence d’une action déstructurante de certains tissus du fœtus et/ou de la provocation de contractions inappropriées.
La toxicité hépatique est probablement liée au débordement du processus de détoxication par les cytochromes. Il ne survient qu’à très forte dose, donc pas en usage courant.
Le risque principal, neurologique, est complexe, accru par plusieurs facteurs qui se potentialisent.
1. La toxicité des cétones selon Pierre Franchomme (1)
Le risque principal, neurologique, est décrit comme complexe, conditionné par plusieurs facteurs qui se potentialisent :
– La toxicité naturelle du dérivé, avec une classification des composés cétoniques en 8 séries, selon la structure de la chaîne carbonée, avec une toxicité décroissante. Cette classification est contestable et semble aujourd’hui obsolète.
– La fragilité biologique, fortement accrue pour les femmes enceintes et les enfants.
– La voie d’administration : voie orale +++++ ; voie anale ++ ; voie vaginale + ; voie percutanée + ; voie aérienne +/–
– La dose
– La durée d’exposition, les effets étant cumulatifs.
Lors dune intoxication aiguë, on observe 4 stades successifs :
– vertige, malaise, désorientation
– obnibulation, stupéfaction incoordination motrice
– accès épileptiforme et tétaniforme avec nausées, dyspnées, troubles neuro-sensoriels
– coma et décès
Lors d’une intoxication chronique, on peut observer les mêmes manifestations, de manière plus atténuée et durable.
2. Variations de la toxicité des dérivés selon Dominique Baudoux
Le travail effectué par Dominique Baudoux et Abdesselam Zhiri (2) est résumé dans un tableau qui indique de manière précise la Toxicité des dérivés cétoniques cétones selon les molécules, les HE et les voies.
C’est un travail rigoureux, qui a intégré de nouvelles données et se démarque ainsi de la classification de Franchomme. Il ne faut cependant pas s’illusionner, il ne s’agit pas de la synthèse d’essais en vivo impossibles à réaliser, mais d’une extrapolation logique à partir des données disponibles. C’est dond une approximation spéculative, et cependant le meilleur repère aujourd’hui pour évaluer les risques.
Il ressort de ce tableau quatre niveaux de toxicité des HE par voie orale, établissant une classification qui se démarque de celle de Franchomme
+ + + + |
– Rue officinale – Ruta graveolens (méthyl heptyl cétone)* – Tagète glanduleuse – Tagetes glandulifera (tagétone 40-50 %) – Santoline – Santolina chamaecyparisus (artémisia-cétone 20-30 %) – Hysope officinale – Hyssopus officinalis (pinocamphone/isopinocamphone et camphre : 30-45 %) * – Davana – Artemisia pallens (davanone 25-50 %) – Thuya occidental – Thuya occidentalis (thuyone 40-80 %) * – Sauge officinale – Salvia officinalis (thuyone 40-70 %) * |
La plupart de ces HE sont rares.* Certaines sont réglementées en France et ne peuvent être vendues qu’en pharmacie (sauge Officinale)** La lavande stœchade (Lavandula stoechas) et la menthe pouliot (Mentha pulegium), plus facilement disponibles qui contiennent néanmoins plus de 50 % de cétones relativement toxiques et doivent donc être utilisées avec prudence. |
+ + + |
– Lantana – Lantana camara (danavone 10-30 %) – Bois de Bouddha – Eremophila mitchelii (érémophilone > 40 %) – Buchu (ou bucco) – Agathosma betulina (menthone 15-40 %) — – Romarin à camphre – Rosmarinus off. camphora (camphre 7-40 %) – Menthe poivrée – Mentha x piperita (menthone 15-35 %) – Menthe des champs – Mentha arvensis (menthone 10-30 %) – Eucalyptus mentholé – Eucalyptus dives (pipéritone 35-50 %) |
Bois de bouddha, buchu et Lantana sont des HE rares.Le romarin à camphre, l’eucalyptus mentholé et les menthes (poivrées et des champs) sont à utiliser avec prudence.La menthe des champs est généralement nettement plus pauvre en cétones que la menthe poivrée. |
+ + |
– Lavande aspic – Lavandula latifolia (camphre 5-15 %) – Cèdre de l’atlas – Cedrus atlantica (atlantones 7-15 %) – Eucalyptus à fleurs multiples Eucalyptus polybractea cryptone (cryptone 2-10 %) — – Romarin ABV – Rosmarinus off. ct verbenone (verbénone 7-40 %) |
Lavande aspic et cèdre de l’atlas ont des niveaux modérés de cétones, qui sont dans ces HE des principes actifs secondaires.L’eucalyptus à fleurs multiples contient dans la littérature jusqu’à 40 % de cryptone, mais dans la réalité actuelle autour de 5 %, ce qui en fait un dérivé peu dangereux mais peu actif.Le romarin à verbénone est une HE à cétone parmi les plus sûres. Son dosage doit cependant être ajusté à la teneur en verbénone, variable d’une production à l’autre. |
+ | – Carvi – Carum carvi (d-carvone 40-60 %) – Aneth – Anethum graveolens (d-carvone 25-50 %) – Menthe verte – Mentha spicata (l-carvone 55-65 %) |
La carvone est le moins toxique des dérivés cétoniques et doit être préférée pour la voie orale. |
Les diverses formes de tumérone, cétones sesquiterpéniques du curcuma, n’ont pas été évaluées dans cette recherche. Selon les critères de Franchomme, la toxicité potentielle serait bien réelle mais plutôt modérée
La toxicité est affaiblie par voie cutanée pour la verbénone, le camphre, la cryptone et la carvone.
Pour les autres dérivés, la diminution est de faible ampleur, ce qui invite à la prudence y compris par voie cutanée.
Globalement, verbénone et carvone ont un rapport efficacité/sécurité optimal.
3. Précautions d’emploi concernant les cétones
Du fait de la forte neurotoxicité, l’usage doit être prudent en respectant les doses préconisées.
– Pour les enfants, s’interdire tout usage avant 3 ans et jusqu’à 7 ans, uniquement des quantités faibles et de manière ponctuelle.
– Contre-indication en cas de pathologie convulsive (épilepsie)
– Contre-indication formelle en cas de grossesse du fait de neurotoxicité potentielle pour le fœtus et de risque abortif.
– Pour les HE à composition fluctuante selon les origines, il est utile de disposer d’une analyse chromatographique pour ajuster les doses.
– Préférer les HE contenant les formes les moins toxiques : verbénone (Romarin), carvone (carvi, aneth, menthe verte).
–
V – LES CÉTONES NON TERPÉNIQUES
Les dérivés cétoniques non terpéniques appartiennent à 4 familles :
– Monocétones aliphatiques : acétone (C3), méthyl isobutyl cétone (C6), méthyl hexyl cétone (C8), méthyl nonyl cétone (C11). Elles peuvent être présentes à l’état de traces dans certaines HE courantes et celles qui en contiennent davantage ne sont pas d’usage courant.
– Monocétones cycliques parmi lesquelles la jasmone qui contribue au parfum de l’absolu de jasmin.
– Dicétones aliphatiques avec les italidiones de l’Hélichryse italienne
– Dicétones cycliques : progostone.
Voir la synthèse : Structure et classification des cétones.
Les italidiones, spécifiques de l’hélichryse italienne (immortelle), sont souvent incluses avec les cétones terpéniques. Elles ont cependant une structure et des propriétés différentes.
Leurs propriétés sont mal connues.
L’hypothèse de Franchomme (1) postulant qu’elles sont le principe actif de l’effet spectaculaire anti-hématome de l’hélichryse italienne n’est pas démontrée, et contestée par certains auteurs, sans remettre en cause cette activité qui pourraient avoir une autre origine.
La toxicité des italidiones est globalement faible, ce qui permet d’utiliser l’hélichryse de manière relativement sécure, tout en restant prudent pour les situations faisant l’objet de contre-indication des cétones (femmes enceintes, enfant en bas âge, épileptiques) en utilisant uniquement la voie cutanée, et des doses faibles pour des soins ponctuels.
VI – LES CHÉMOTYPES CÉTONES
Il est difficile de définir de chémotypes cétones généraux regroupant plusieurs HE, du fait de la diversité des structures et les propriétés spécifiques de chacune de ces structures sont très mal définies. C’est avant tout la toxicité et l’usage qui donnent des orientations.
1. Descriptif des principales HE à cétones terpéniques
❏ HE à proportion importantes de cétones (les plus courantes)
HUILE ESSENTIELLE | CÉTONES TERPÉNIQUES | AUTRES COMPOSANTS NOTABLES |
Aneth Anethum graveolens |
Total : 25-50 % • D-carvone (20-45 %) • dihydrocarvone (2-8 %) |
• Monoterpènes (limonène…) : 25-60% |
Carvi Carum carvi |
Total : 40-60 % • D-carvone (45-55 %) • dihydro-carvone (1-2 %) |
• Monoterpènes (limonène…) : 25-50 % |
Curcuma Curcuma longa |
Total : 20-60 % • ß-turmérone • ar-turmérone • zingibérone |
• Sesquiterpènes : 20-30 % • Monoterpènes : 5-15 % |
Eucalyptus à fleurs multiples Eucalyptus polybractea ct cryptone |
Total : 3-7 % • Cryptone |
• Monoterpène : 20-40 % • Oxydes (1,8 cinéole) : 8-30 |
Eucalyptus mentholé Eucalyptus dives (piperitoniferum) |
Total : 35-50 % • pipéritone |
• Monoterpènes : 20-30 % |
Lavande stoechade Lavandula stoechas |
Total : 50-80 % • fenchone (30-50 %) • camphre (15-30 %) |
• Oxydes (1,8 cinéole) : 5-15 % • Monoterpènes : 5-15 % • Monoterpénols (linalol) : 5-10 % |
Menthe pouliot Mentha pulegium |
Total : 50-80 % • pulégone (40-70 %) • menthone (5-20 %) • pipéritone (18 %) |
– |
Menthe verte Mentha spicata |
Total : 55-70 % • L-carvone (55-65 %) • di-hydrocarvone (1-2 %) • menthone, pipéritone |
• Monoterpènes : 10-25 % |
Menthe poivrée Mentha x piperita |
Total : 20-35 % • menthone (20-30 %) • pulégone (1-3 %) • L-carvone |
• Monoterpénols (menthol) : 30-5% • Monoterpènes : 5-10 % |
Menthe des champs Mentha arvensis |
Total : 10-30 % • menthone (5-20 %) • isomenthone (3-10 %) |
• Monoterpénols (menthol) : 50-75 % • Monoterpènes : 2-6 % |
Romarin – camphre Rosmarinus officinalis – ct camphora |
Total : 15-30% • camphre (12-30 %) • verbénone (1-3 %) |
• Monoterpènes : 30-50 % • Oxydes (1,8 cinéole) : 15-30 % |
Romarin – verbénone (AVB) Rosmarinus officinalis – ct verbénone |
Total : 7-40 % • verbénone (5-30 %) • camphre (1-15 %) |
• Oxydes (1,8 cinéole) : 5-20 % • Monoterpènes 15-45 % |
Sauge officinale à grandes feuilles Salvia officinalis |
Total : 40-70 % • α-thuyone (35-50 %) • ß-thuyone (10-20 %) • camphre (5-10 %) |
• Oxydes (1,8 cinéole) : 5-15 % • Sesquiterpènes : 5-10 % • Monoterpènes : 5-10 % |
Thuya Thuya occidentali |
Total : 40-80 % • α-thuyone (30-50 %) • ß-thujone (5-15 %) • fenchone (5-15 %) |
❏ D’autres HE, riches en dérivés cétoniques, sont moins courantes et plus difficiles à trouver.
Certaines (*) font l’objet d’une vente réservée à la pharmacie en France.
– Grande absinthe* – Artemisia absinthium L. thujonifera (thuyone 35-45 %)
– Armoise herbe blanche à thujone * – Artemisia alba thujonifera (thuyone 60-70 %)
– Armoise herbe blanche à davanone * – Artemisia alba dacanonifera (davanone 40-55 %)
– Armoise arborescente* –Artemisia arborescens (ß-thuyone/camphre 40-60 %)
– Davana – Artemisia pallens (davanone 25-50 %)
– Hysope officinale * – Hyssopus officinalis ssp officinalis (pinocamphone/isopinocamphone et camphre : 30-45 %)
– Thuya occidental* – Thuya occcidentalis (thuyone 40-80 %)
– Tagète glanduleuse – Tagetes glandulifera (tagétone 40-50%)
– Santoline – Santolina chamaecyparisus (artémisia cétone 20-30 % – santolinénone). L’association de traces de lactones sesquiterpéniques potentialise l’action antiparasitaire.
– Lantana – Lantana camara (danavone 10-30 %)
– Bois de Bouddha – Eremophila mitchelii (érémophilone > 40 %)
– Bucchu (ou bucco) – Agathosma betulina (menthone isomenthobe 15-40 %)
❏ Dans certaines HE, les cétones sont minoritaires.
Bien qu’elles aient une certaine puissance d’activité, il est difficile d’évaluer leur rôle dans l’action globale.
Dans la lavande aspic, le cèdre de l’Atlas, l’achillée millefeuille elles semblent contribuer aux propriétés thérapeutiques en synergie avec les autres actifs.
Lavande aspic Lavandula latifolia |
Total : 5-15 % • camphre |
• Monoterpénols (linalol) : 30-50 % • Oxydes (1,8 cinéole) : 25-30 % |
Cèdre de l’Atlas Cedrus atlantica |
Total : 7-15 % • α-atlantone • γ-atlantone |
• Sesquiterpènes (himachalènes) : 60-80 % |
Achillée millefeuille Achillea millefolium |
Total : 5-20 % • artémisia-cétone (4-8 %) • camphre (1-15 %) • thuyone (0-2 %) |
• Sesquiterpènes (germacrène, chamazulène, β-caryophyllène) : 15-40 % • Monoterpènes (sabinène pinènes) : 15-40 % |
–
2. Choix des HE à cétones selon les indications
Les HE cétoniques sont considérées ici selon les indications.
• Fluidification des sécrétions bronchiques et vaginales
La plupart des HE peuvent répondre à cet objectif.
– Le romarin ABV (verbénone) est le premier choix, en vérifiant que l’HE en contient une proportion suffisante (ou alors augmenter la dose).
– Le carvi, l’aneth (D-carvone) et la menthe verte (L-carvone) ont l’avantage de la faible toxicité mais peut-être une activité moindre.
– L’eucalyptus mentholé (pipéritone) et le romarin à camphre ont une bonne activité et nécessitent une utilisation prudente.
– La menthe poivrée (menthone) et considérée comme moins active dans cette indication.
– La menthe pouliot (pulégone) et la lavande stœchiade (fenchone) ont une forte activité du fait de molécules à la fois actives et concentrées. Avec en contrepartie : un risque plus élevé. Leur intérêt principal est une utilisation en quantité ajustée dans une mélange.
• Insuffisance hépato-biliaire
La carvone (D ou L), la menthone, la verbébone et la pipéritone sont reconnus efficaces pour des effets cholérétiques et cholagogues. Le curcuma semble le pus actif à ce niveau.
– Les HE à carvone (aneth, carvi, menthe verte) et le curcuma, du fait de leur activité marquée et de leur faible toxicité, sont les mieux appropriées, d’autant plus que la voie orale est intéressante pour cette indication.
– La menthe poivrée (menthone) a l’avantage d’être souvent à disposition du fait de ses multiples propriétés/
• Cicatrisation
Les effets bénéfiques sur la cicatrisation concernent en principe toute la famille des cétones. Ils sont reconnus pour la fenchone (lavande stoechiade), le verbénone (romarin AVB), la turmérone (curcuma) et l’italidione (hélichryse italienne).
• Chéloïde
La thuyone (sauge officinale), la fenchone (lavande stœchiade) et la pipéritone (eucalyptus mentholé), du fait de leur effet kératolytique reconnu, sont à privilégier, en association avec d’autres actifs.
• Effet spasmolytique et antalgique
L’action sur les muscles lisses est associée aux effets hépatiques, et concernent notamment la carvone et la menthone.
Le camphre a la réputation d’agir aussi sur les muscles striés, ce qui fait entrer le romarin à camphre dans les compositions destinées à réduire les tensions et douleurs musculaires.
• Effet anti-infectieux
Les HE cétoniques ayant une action ciblée et souvent complémentaire d’autres actifs, elles entrent dans les associations, particulièrement quand elles apportent un effet complémentaire recherché.
Ainsi, la sauge officinale (thujone) ou à défaut la lavande stœchiade (fenchone) sont ainsi avantageusement incluses dans les préparations pour les mycoses des ongles. Elles favorisent la pénétration profonde des différents principes actifs du mélange. C’est la même chose pour l’herpès labial, avec en plus une action antivirale indirecte.
–
VII- QUELS CHOIX DANS UNE AROMATHÈQUE PERSONNELLE ?
Le principe d’une aromathèque personnelle est de disposer, avec un nombre restreint d’huiles essentielles (15 à 20 HE), de solutions à la majorité des maux du quotidien, soit avec une seule HE, soit avec un mélange utilisant la synergie de plusieurs chémotypes vers l’objectif visé.
Les HE cétoniques étant plutôt polyvalentes, il n’est pas nécessaire d’en avoir beaucoup, mais le choix n’est pas pour autant facile.
– La menthe poivrée a l’avantage d’une composition riche qui lui donne une polyvalence utile dans une aromathèque réduite. En revanche, la menthone en proportion limitée (< 30 %) ne permet pas de tirer le meilleur parti des cétones.
– Pour une HE à la fois active et sécure : le romarin verbénone (> 20 % de préférence), ou une HE à carvone (aneth, carvi et menthe verte, dans l’ordre croissante de %) avec pour les chémotypes carvone des teneurs plus élevées, et la cétone la moins toxique, ce qui donne le meilleur rapport efficacité/tolérance. Le carvi qui a un faible coût et la plus forte teneur en D carvone, celle dont l’action est la mieux documentée, est le choix le plus logique.
– La sauge officinale et la lavande stœchade ont de concentrations élevées en cétones à forte activité (thuyone, fenchone), mais aussi parmi les plus toxiques. Elles sont intéressantes quand on sait les manier.
La lavande stœchade est en ventre libre, avec un coût assez élevé.
La sauge officinale ne peut être vendue qu’en pharmacie, sans besoin d’ordonnance comme cela est parfois indiqué. Elle doit simplement être remise avec les recommandations d’usage. Elle a l’avantage d’être moins chère ,et d’avoir en plus une action emménagogue et anti-transpiration.
–
RÉFÉRENCES
- Pierre Franchomme & Daniel Pénoël : L’aromathérapie exactement – Roger Jollois éditions 2001
- Baudoux D, Zhiri A. Les cahiers pratiques d’aromathérapie selon l’école française. Luxembourg: Ed. Inspir; 2002.