Cependant, l’obsession du toujours plus des humains s’est mise en marche… Est-ce un bien ou est-ce un mal ? Cela dépend du point de vue à partir duquel on observe cette évolution, qui se passe en trois étapes.
Ce n’est que plus tard que des chercheurs se sont intéressés au bénéfice d’un apport de faibles doses mais c’était déjà trop tard ! Toute l’attention était déjà portée sur la recherche d’un effet maximal, qui nécessite de fortes posologies et passe forcément par des extraits industriels.
Ainsi sont nés les produits qui associent les deux ingrédients et affichent une efficacité maximale, alors qu’ils respectent rarement les proportions de l’étude de référence. Le bémol est apparu lorsque la pipérine, connue pour inhiber certaines enzymes impliquées dans la dégradation de la curcumine, a été soupçonnée d’accroître la perméabilité intestinale, ce qui certes augmente le passage des curcuminoïdes dans le sang, mais peut-être aussi d’autres substances plus ou moins désirables. Cette perméabilité transitoire ne semble pas présenter de risque, mais l’accroître en augmentant la dose de pipérine pourrait être problématique, et cet argument sera souligné pour mettre en avant d’autres formes d’utilisation.
L’association curcuma/poivre et sa variante curcumine/pipérine, restent composée de produits d’origine naturelle, et appartiennent donc au domaine public. Donc pas de quoi s’investir dans une recherche qui ne rapporte rien à ceux qui la financent. Sont alors apparus les produits technologiques brevetés, annonçant une biodisponibilité de la curcumine augmentée de 6 fois, 20 fois, 45 fois et récemment 185 fois ! Une vraie foire aux enchères ! Chaque spécialité appuie ses résultats sur une publication généralement unique et très probablement financée par le détenteur du brevet, ce qui reste un niveau de preuve assez faible. Les techniques utilisées sont diverses : ajouts de substances synergiques servant de transporteurs, émulsions, ou formation de nanoparticules. Les études montrent une augmentation du passage dans le sang et la duré de vie de la curcumine, mais de disent rien de son activité dans ce contexte.
Des chercheurs ont réalisé une étude comparative des nouvelles formes de curcumine. Ils y indiquent les modes de fabrication des spécialités brevetées, le niveau de biodisponibilité annoncé, et analyse les publications sur lesquelles ce niveau s’appuie. Cette étude a permis d’établir le tableau synthétique ci-joint, dans lequel ont été ajouté quelques données trouvées à partir de diverses sources d’informations.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Cette histoire du curcuma montre comment un trésor de la nature, une fois entré dans le circuit des profits privatisés, crée une immense confusion et brouille les informations d’intérêt public permettant d’optimiser son usage. Chaque spécialité brevetée défend ses avantages par rapport aux produits concurrents, et aux préparations naturelles qui sont dévalorisées. Le choix devient alors soumis à des arguments de marketing !
Pour une information complémentaire documentée sur le Curcuma :
Un point de vue documenté sur la complémentation à base de curcuma
J’avais cru comprendre que le curcuma était plus efficace revenu dans l’huile que cru… or vous parlez de jus.
J’imaginais que c’était comme pour l’extraction du lycopène dans les tomates…?
La curcumine, bien que très riche en oxygène, est en effet liposoluble.
Cela implique surtout qu’elle soit prise en cours de repas, pour qu’il y ait une sécrétion biliaire nécessaire à son assimilation.
Merci pour votre article.
Si je comprends bien, il ne faut pas prendre du curcuma associé au poivre comme vendu en pharmacie ?
Merci de votre réponse
En fait l’association curcumine pipérine a été idéalisée sur des principes théoriques fondé sur une association traditionnelle (le curry) et une étude, en prenant en compte les facteurs qui arrangent et en oubliant les autres. C’est une solution parmi d’autres. Aucune ne peut prétendre à sa supériorité sur des critères autres que les arguments commerciaux des vendeurs (et des études qu’ils ont financés pour les produits brevetés). Au final, un jus de curcuma le plus naturel possible est moins prétentieux et pourrait être aussi bénéfique, sinon mieux…
Thème intéressant, merci pour l’article. Nul ne peut contester les nombreuses vertus que le curcuma propose tels que les effets anti-vieillissement, ses bienfaits sur la digestion, ses propriétés anti-inflammatoires et d’après certaines études il pourrait prévenir certains cancers…