Les monoterpénols (alcool terpéniques) forment un groupe important de principes actifs en aromathérapie.
Les huiles essentielles peuvent être abordées de diverses manières. L’aromathérapie scientifique pose une base solide en précisant les propriétés validées par des recherches rigoureuses et les risques qui nécessitent des précautions d’emploi. Elle est le socle d’une approche globale de l’aromathérapie.
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I – STRUCTURE
LEs principales structures des monoterpénols présents dans les huiles essentielles sont synthétisées sans le schéma : Structure des monoterpénols.
1) Les alcools en aromathérapie
Un « alcool », chimiquement parlant, est une structure qui porte une fonction hydroxyde [– OH]. Cela concerne donc un très grand nombre de molécules.
En aromathérapie, on distingue plusieurs familles biochimiques selon la structure carbonée qui porte la fonction alcool et donne des propriétés biologiques particulières :
– Si le groupe [– OH] est fixé sur un cycle aromatique benzénique : ce sont des phénols.
– Si le groupe [– OH] est fixé sur une chaîne carbonée terpénique (10 carbones) : ce sont des alcools terpéniques ou monoterpénols.
– Si le groupe [– OH] est fixé sur une chaîne carbonée sesquiterpénique (15 carbones) : ce sont des alcools sesquiterpéniques ou sesquiterpénols.
– Si le groupe [– OH] est fixé sur une chaîne carbonée diterpénique (20 carbones) : ce sont des alcools diterpéniques ou diterpénols.
2) Les monoterpénols ou alcools terpéniques
Ceux qui sont présents dans les huiles essentielles se différencient en trois groupes :
1) Les monoterpénols acycliques, c’est-à-dire dont la structure ne forme aucun cycle. Ils dérivent directement du diphosphate de géranyle (GPP), comme le myrcène ou l’ocimène, mais sans être dans la continuité structurelle de ces dérivés. Ce sont donc des chaînes carbonées linéaires, diversement ramifiées, avec un groupement hydroxyde (fonction alcool).
2) Les monoterpénols monocycliques, contiennent un cycle non aromatique, et dérivent de la structure para-menthane, comme le limonène, le phellandrène, et les terpinène. Ce sont également des structures proches des phénols terpéniques, sans le cycle aromatique.
3) Les monoterpénols bicycliques, ont toujours les 10 carbones d’un dérivé terpénique, avec une structure complexifiée par une liaison interne dans le cycle à 6 carbones qui le sépare en deux cycles plus petits (5 et 3 carbones).
Le bornéol a le même bicycle que la camphène mais des branchements positionnés différemment, donc ne dérive pas directement de sa structure.
Le thujanol-4 dérive directement du sabinène par hydratation.
Le niveau de l’activité infectieuse est globalement décroissant dans l’ordre de présentation de ces groupes.
Groupe | Principe actif | Activité anti-infectieuse |
acycliques | géraniol, linalol, citronellol (lavandulol, nérol) |
+++ |
monocycliques | α-terpinéol, terpinéol-4, menthol (isopulégol, pipéritol, menthadienol) |
++ |
bicycliques | bornéol, thujanol-4 (pinocarvéol, myrténol, nardol) |
+ |
Les monoterpénols sont anti-infectieux comme les phénols, avec une action plus modérée et un spectre moins large. Ils agissent aussi sur le système immunitaire comme des modulateurs.
ls sont généralement toniques, certains étant plutôt sédatifs.
Certaines molécules de cette famille ont des propriétés individuelles plus spécifiques.
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II – PROPRIÉTÉS DES MONOTERPÉNOLS
1) Propriétés anti-infectieuses
Les monoterpénols ont globalement les mêmes propriétés anti-infectieuses que les phénols, généralement d’intensité plus faible et avec un spectre un peu moins large. En revanche, du fait de leur bonne tolérance, ils peuvent être utilisés à plus forte sdoses et obtenir ainsi un meilleur niveau d’activité. Ils sont principalement antibactériens et antifungiques. Il y a aussi une activité sur certains virus. Les effets antiparasitaires semblent plutôt modestes. Il y a une synergie avec les oxydes terpéniques (1,8 cinéole), et donc avantage à les associer une HE qui en contient.
Les différents monoterpénols ont des activités variables, en cibles et en puissance d’action. Il est donc difficile de les hiérarchiser, et c’est pourquoi on trouve des informations contradictoires. Tous les dérivés ont un spectre large, avec probablement des actions préférentielles : le géraniol semble le plus actif comme antifungique, et le linalol comme antibactérien. Les terpinéols (4 ou α) et le thujanol ont une action antibactérienne et antifungique plus faible et semblent plus actifs sur certain virus, notamment ceux du groupe Herpès et de la grippe.
2) Activité immunomodulatrice
On observe avec les monoterpénols, comme avec les phénols terpéniques, une activité immunomodulatrice, stimulant les défenses de l’organisme lors des infections, et parfois capable de modulation lors d’activité excessive (auto-immunité). Le terpinéol-4 a l’action immunomodulatrice favorable en situation d’infection la mieux documentée, tandis que le bornéol est le plus intéressant comme immunomodérateur.
3) Propriétés toniques ou sédatives
Les monoterpénols sont globalement considérés comme positivants, c’est-à-dire capable de stimuler les fonctions de l’organisme. Il y a cependant des nettes variations selon les structures. Le menthol est le plus tonique y compris sur le système nerveux, les monoterpénols les plus courants sont toniques pour l’organisme alors que d’autres moins courant comme l’α terpinéol, l’isopulégol ou le myrténol exercent un effet sédatif.
Le linalol a un effet complexe, tonique pour certaines fonctions de l’organisme, sédatif pour le système nerveux.
4) Propriété spasmolytique
La capacité à détendre les muscles lisses est observée à des degrés divers sur la plupart des monoterpénols, avec un effet sur les muscles lisses (vaisseaux, intestin) et striés. Cette activité est globalement faible comparées à d’autres actifs (esters, éthers), le linalol étant probablement la structure la plus active de ce point de vue.
5) Propriétés spécifiques
Elles concernent plus ou moins certaines structures :
– Linalol : capacité à inhiber la libération de l’acétylcholine et donc une action post-synaptique de type atropine-like, régulation des canaux calciques, stimulation de l’adénylcyclase qui produit l’AMP cyclique, et interférence avec les neuromédiateurs : opposition au glutamate en favorisant le GABA, augmentation de la dopamine et modulation de la sérotonine.
On observe globalement divers effets apaisants sur un fond de tonicité : spasmolytique, antalgique, anti-inflammatoire, astringent et tonique cutané, sédatif du système nerveux central tout en favorisant la capacité de concentration.
– Géraniol : insectifuge et insecticide. Il exerce un effet protecteur sur les muqueuses digestives (prévient l’ulcération et favorise la cicatrisation), associé à son action antifungique bénéfique pour le microbiote intestinal. Effets bénéfiques possibles sur le métabolisme glucidique et lipidique. (cf. synthèse Nicolas Houyoux)
– Citronellol : insectifuge (synergie avec géraniol)
– Terpinéols : antalgique et anti-inflammatoire.
– Menthol : action agoniste TRPM8 qui provoque une sensation de froid, et effet vasoconstricteur. Il en résulte des propriétés antalgiques et antiprurigineuses (effet anesthésiant), et une diminution des sécrétions qui encombrent le nez.
Le menthol est également tonique pour le système nerveux et hépatostimulant
– Thujanol-4 (hydrate de sabinène), sous forme cis ou trans : activité stimulante et régénératrice des hépatocytes.
– Bornéol : immunomodérateur et cholérétique.
– Isopulégol : antalgique, anti-inflammatoire, sédatif central
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III – TOXICITÉ et EFFETS SECONDAIRES des MONOTERPÉNOLS
Les monoterpénols sont remarquables par l’absence de toxicité et la bonne tolérance cutanée. Les HE qui en contiennent, si aucun autre composé a un effet irritant, peuvent être appliquées pures sur la peau.
Le menthol fait exception avec deux risques importants qui demandent des précautions d’emploi :
– Spasme de la glotte chez le jeune enfant, pouvant provoquer un arrêt respiratoire, donc contre-indication avant 6 ans.
– Hypothermie en cas d’application étendue, donc pas d’utilisation en massage.
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IV – LES CHEMOTYPES MONOTERPENOLS
D’un point de vue pratique, on peut différentier quatre chémotypes qui ont chacun une ou plusieurs activités dominantes, les autres propriétés des monoterpénols étant plus ou moins présentes en arrière-plan.
1) CT Géraniol/citronellol
Ce chémotype est caractérisé par un fort potentiel anti-infectieux, particulièrement antifungique, un effet tonique et un pouvoir insectifuge.
HE | Composition en monoterpénols | Autres actifs notables |
Palmarosa (partie aérienne) – Cymbopogon martinii var. motia |
géraniol : 80-90 % | esters :10-15 % |
Géranium rosat (feuilles) – Pelargonium x asperum |
[ Total = 45-60 %] citronellol : 25-35 % – géraniol : 10-20 % linalol : 4-9 % – terpinéol-4 : < 5% |
esters : 10-25 % cétones (isomenthone) : 4-8 % |
Citronnelle de Ceylan (partie aérienne) – Cymbopogon nardus |
[Total = 25-40 %] géraniol : 15-25 %, citronnellol : 3-9 %, bornéol : 4-7 % |
aldéhyde terpénique (citronellal) : 10-15 % |
– Palmarosa est l’HE idéale pour apporter des monoterpénols dans un mélange à visée anti-infectieuse et plus particulièrement antifongique.
– Géranium rosat (d’Égypte ou Bourbon) est une HE moins intéressante en mélange car moins concentrée. Elle est davantage utilisée pour ses autres propriétés liées à la globalité de sa composition : hémostatique, spasmolytique, tonique cutanée et insectifuge.
– La Citronnelle de Ceylan a peu d’intérêt spécifique.
2) CT linalol
Ce chémotype est caractérisé par un fort potentiel anti-infectieux, particulièrement antibactérien.
Il favorise la régénération cutanée lors de diverses affections de la peau, à composante infectieuse (acné) ou non (eczéma, rides)
Le linalol a d’autre part divers effets apaisants : principalement spasmolytique, antalgique, sédatif central, sur un fond de tonicité (énergie, libido, immunité).
Il agit favorablement sur la fatigue, la dépression et les états de tension.
HE | Composition en monoterpénols | Autres actifs notables |
Bois de rose (rameau et feuilles) – Aniba rosaeodora | linalol : 70-95 %, géraniol : 1-3 % | – |
Bois de Hô (rameau et feuilles) – Cinnamomum camphora ct linalol | linalol : 90-99 % | – |
Coriandre (graines) – Coriandrum sativum |
[Total = 70-80 %] linalol : 65-80 %, géraniol : 0,5-3 %, α-terpinéol : 0,5-1,5 % |
monoterpènes : 10-20 %, cétones (camphre) : 3-8 % |
Thym vulgaire CT linalol (sommité fleurie) – Thymus vulgaris ct linalol |
[Total = 60-65 %] linalol : 30- 65 % terpinéol-4 : 4- 15 %, thujanol : 0-12 % |
esters : 10-20 % |
Basilic doux CT linalol (sommité fleurie) – Ocimum basilicum L |
[Total = 45-65 %] linalol : 45 à 60 % , géraniol : 0-5 % , terpinéol-4 : 0-4 % |
variable selon l’origine : eugénol, méthylchavicol, 1,8-cinéole |
– L’HE de bois de Ho (rameau feuillé ou bois de camphrier provenant de Chine) remplace le Bois de Rose devenu rare, Aniba rosaeodora étant une espèce amazonienne menacée. Leurs compositions sont très proches. Leurs très fortes teneurs en linalol en font les HE idéales pour agir sur une infection bactérienne et composer un mélange à visée anti-infectieuse, en étant également toniques et apaisantes à la fois, et avec un effet bénéfique sur la peau.
– La Coriandre, un peu moins concentrée, peut avoir le même usage. Du fait de ses autres composants est plutôt orientée vers une action digestive.
– Le Thym CT linalol peut aussi avoir le même usage.
– Le Basilic doux (CT linalol) est avant tout une source de confusion, la même espèce Ocimum basilicum ayant des compositions très inconstantes selon ses origines, pouvant passer d’un chémotype à un autre.
D’autres HE contiennent des quantités notables de linalol, non dominant :
– Associé à des esters avec amplification des effets apaisants : lavande vraie, lavandin, petit grain bigaradier.
– Associé à des oxydes avec synergie sur l’effet anti-infectieux : lavande aspic.
3) CT terpinéols
HE | Composition en monoterpénols | Autres actifs notables |
Tea tree (feuilles) – Melaleuca alternifolia |
[Total = 40-50 %] terpinéol-4 : 30-40 % , terpinéol-α : 1-8 % |
monoterpènes : 30 % |
Marjolaine à coquilles (sommité fleurie) – Origanum majorana |
[Total = 45-50 %] terpinéol-4 : 20-30 %, thujanol : 10-25 %, linalol : 1-3 % |
monoterpènes : 35-40 %, sesquiterpène : < 5%, esters < 5% |
L’arbre à thé (tea tree) et la marjolaine à coquilles ont une composition assez proche, associant des monoterpénols avec une dominante terpinéol et des monoterpènes. L’usage les a orientés vers des indications préférentielles différentes, les nuances d’activité étant dues à des composants mineurs ou des synergies internes.
– Tea tree est orienté vers les infections, bactériennes fungiques et virales, avec une activité anti-infectieuse plus faible que Palmarosa et Bois de Hô, mais une immunostimulation a priori plus marquée qui contribue au processus de guérison. L’HE est aussi antalgiques et protectrice cutanée (notamment vis-à-vis de la radiothérapie).
– L’HE de Marjolaine à coquilles (ou des jardins), par sa composition devrait avoir un effet anti-infectieux plus intéressant que celui du Tea tree, avec la même proportion de monoterpénols et une association terpinéol/ thujanol. Elle est d’autre part plus connue pour son action réputée bénéfique lors de diverses dystonies neurovégétatives avec un effet calmant, difficilement attribuable à des composants particuliers et résultant probablement de l’ensemble de Sa composition. Elle semble donc globalement plus intéressante, mais son coût est 3 à 4 fois plus élevé que celui du Tea tree.
Le Niaouli et le Ravintsara contiennent un niveau assez faible de terpinéols (10-15 %), néanmoins intéressant parce qu’il est associé au 1,8 cinéole dominant.
4) CT menthol
Les propriétés antalgique, anesthésique, rafraichissante, vasoconstrictrice et hépatostimulante du menthol sont plus recherchées que le pouvoir anti-infectieux qui est secondaire pour les HE de ce chémotype.
HE | Composition en monoterpénols | Autres actifs notables |
Menthe poivrée des champs (partie aérienne) Mentha x piperita |
[Total = 40-50 %] menthol : 50-75 %, néomenthol : 1- 7 % |
cétones : 20-30%, monoterpènes : 5-15 % |
Menthe des champs (partie aérienne) Mentha arvensis |
[Total = 70-80 %] menthol : 30-50 %, néomenthol : 2 -6 % , thujanol : 0.5 à 2 % |
cétones : 10-15 %, monoterpènes : 5-10 %, esters : 2-10 % , oxydes : 5-8 % |
– La Menthe des champs, la plus riche en menthol, est plus intéressante pour entrer dans les mélanges à destinée antalgique ou stimulante.
– La Menthe poivrée, plus riches en cétones et avec une composition plus diversifiée est plus indiquée quand une composante inflammatoire, spasmolytique et stimulante hépatique est recherchée, notamment lors des troubles digestifs ou des maux de têtes.
5) CT bornéol
L’intérêt du bornéol est son effet immunomodérateur, recherché notamment dans un contexte de maladie auto-immune.
L’HE de Thym saturéoïde (ou à feuilles de sarriette) est alors intéressante à introduire dans les compositions à visée antalgique et anti-inflammatoire de ces maladies
HE | Composition en monoterpénols | Autres actifs notables |
Thym saturéoïde (sommité fleurie) Thymus satureioides |
[Total = 30-40 %] bornéol : 25-30 %, α-terpinéol :10 % linalol terpinéol-4 |
monoterpènes : 10-20 %, phénols terpéniques : 10-20 % |
6) CT thujanol
Les HE à CT thujanol sont rares et chères.
Elles jouissent d’une bonne réputation comme anti-infectieux à spectre large avec une forte activité antivirale et avec une très bonne tolérance. Elles sont préconisées notamment pour les infections ORL et pour les enfants. C’est en fait une association thujanol/terpinéol qui crée une activité antimicrobienne intéressante.
On ne peut cependant étayer cette réputation par la simple composition, thujanol et terpinéols étant moins actifs sur les bactéries que le linalol, qui est lui aussi bien toléré, et accessible à un coût nettement plus bas.
L’intérêt spécifique de ce chémotype est une action régénérante hépatique, qui peut entrer en association avec d’autres HE, et peut-être la stimulation d’une immunité locale (IgA), qui reste cependant à démontrer.
HE | Composition en monoterpénols | Autres actifs notables |
Thym CT thujanol (sommité fleurie) Thymus vulgaris ct thujanol |
[Total = 30-40 %] thujanol : 15-40 %, terpinéol-4 : 5-20 %, linalol : 1-30 %, géraniol : 0-5% |
esters : 5-15 % ; monoterpènes : 3-15 % |
Marjolaine CT thujanol (sommité fleurie) Origanum majorana ct thujanol |
[Total = 45-50 %] thujanol : 30-35 %, terpinéol-4 : 15-20 %, |
monoterpènes : 15-25 % |
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V – QUELS CHOIX DANS UNE AROMATHÈQUE PERSONNELLE ?
Le principe d’une aromathèque personnelle est de disposer, avec un nombre restreint d’huiles essentielles (15 à 20 HE), de solutions à la majorité des maux du quotidien, soit avec une seule HE, soit avec un mélange utilisant la synergie de plusieurs chémotypes vers l’objectif visé.
Parmi les monoterpénols, le choix est difficile. Intégrer la richesse de cette famille pour des soins courants conduirait à retenir des HE représentant 4 chémotypes sur les 6, les CT thujanol et bornéol n’étant pas nécessaires pour des soins courants.
– Pour le CT géraniol, Palmarosa fortement concentrée privilégie la force de l‘action anti-infectieuse dans un mélange et un coût plus modéré, alors que Géranium permet, au prix d’une plus faible concentration en géraniol et d’un coût plus élevé, d’avoir une HE plus polyvalente apportant d’autres bénéfices.
– Pour le CT linalol, le même raisonnement conduit à choisir entre Bois de Hô (concentré) ou une lavande (fine ou aspic), trois fois moins concentrée mais plus polyvalente avec des propriétés particulièrement utiles dans les soins du quotidien.
– Pour le CT menthol, le même raisonnement conduit à choisir entre Menthe des champs, plus concentrée et moins chère, et la menthe poivrée, plus polyvalente.
– Pour le CT terpinéol, cherchant une activité anti-infectieuse couplée à une immuno-stimulation, le choix se fait entre Tea tree (moins cher) et Marjolaine à coquilles (plus cher, avec composition plus intéressante et en plus une action sédative sur les dystonies neurovégétatives).
Merci pour votre retour exhaustif et pointu !
Je retrouve la pertinence et l’ouverture que j’ai pu – à mon niveau – appréhender dans le formidable ouvrage de Michel Faucon (Traité d’aromathérapie…). Livre que j’ai depuis de longues années, mais que je n’ai pas pris le temps d’étudier en profondeur.
Je m’excuse mais je n’ai pas compris cette phrase :
« Et je ne pense pas que la nature des HE, au delà de leur chémotype, soit déterminante pour une activité anti-infectieuse. » : voulez vous dire qu’il faut choisir une HE en fonction de son chémotype pour cibler une infection, virale ou bactérienne ?
L’activité anti-infectieuse des HE est celle qui est la mieux documentée, on peut donc se reposer sur la biochimie.
C’est donc le chémotype qui nous guide, et à chémotype comparable, la nature de l’HE, a priori, importe peu.
Par exemple : Ravintsara, Eucalyptus radié, Niaouli, Cajeput et Romarin à cinéole sont très proches (1,8 cinéole dominant + monoterpènes + monoterpénols). Or dans les livres, on va leur trouver des indications +/– différentes. Je ne vois pas ce qui permet de les différencier pour une activité anti-infectieuse.
Merci pour cet excellent article.
Concernant les he, il me semble qu’elles sont efficaces dans beaucoup de domaines. Néanmoins, mon manque de connaissance probablement ne me les fait utiliser qu’en symptomatique et/ou sur du court terme.
Ont-elles une légitimité dans la prévention, ou sur de la convalescence ? Par exemple, sur des crises récidivantes de virus herpétique, notamment HSV2, il me semble que des he comme le tea tree, le niaouli fonctionnent, durant la crise.
Mais difficile en prévention d’anticiper. Peut être faudra il travailler en phytothérapie ou autre en amont pour avoir un système immunitaire « en forme » et sur le système nerveux en général pour éviter tout stress/coup de fatigue, et essayer d’améliorer sa flore intestinale…
Néanmoins je me demandais si les he avaient leur légitimité lors de réactivation des virus herpétiques en général (Herpès 1 et EBV…) en direct donc et plus particulièrement en application cutanées (mélangé à une huile végétale) sur des herpès génitaux?
Et ici dans l’article, donc la famille des monoterpols, vous évoquez les terpinéols (4 ou α) et le thujanol qui serait efficaces face à certains virus neurotropes comme grippe ou l’herpès, on peut imaginer le thym à thujanol du coup ? ou rester sur tea tree / niaouli semble cohérent pour un herpès génital?
Merci Jean-François pour le commentaire
En me plongeant dans l’aromathérapie il y a seulement quelques années, j’ai trouvé deux mondes : celui de la biochimie et des principes actifs qui donnent des activités validées et les conditions sécures d’utilisation, et celui de l’expérience qui décrit des effets parfois difficiles à corréler avec le versant scientifique et qui peuvent varier selon les auteurs. J’en suis arrivé aux 5 niveaux possibles d’activité des HE décrits dans l’article [L’aromathérapie, base idéale pour une nouvelle science de la santé].
Il y a donc dans l’utilisation des huiles essentielles une part logique qui s’appuie sur des propriétés validées et pour lesquelles beaucoup d’HE sont substituables par une autre de même chémotype global. Très peu de différence notamment entre Eucalyptus radié et Ravintsara, ou Marjolaine à coquille et Tea tree, alors qu’elles sont utilisées dans des indications +/– différentes. Il y a aussi l’autre part, plus subtile, pour laquelle les informations sont plus ou moins fiables, et chacun fait ce qu’il croit vrai. Finalement, l’un va plutôt bien avec l’autre : rigueur d’un côté, ouverture et créativité de l’autre.
Faute d’évaluations fiables, il est bien difficile de dire si une HE va être efficace dans une indication donnée. Si la part rationnelle répond à l’indication, l’utilisation est légitime, et si les résultats sont probants, n’oublions pas qu’il y a un contexte et que les HE n’ont peut être pas tout fait, ce qui importe peu au final. Dans un esprit intégratif, on fait au mieux avec ce que l’on a, et on sait que l’ensemble est un tout qui est davantage que la somme des parties.
En pratique, pour toutes les infections, il me semble avantageux d’associer à minima une HE à monoterpénol (thujanol, linalol, géraniol, terpinéel…) et une à 1,8 cinéole qui sont synergiques et complémentaires. Avec un peu de monoterpènes pour les virus et un petit chouya d’aldéhyde aromatique (cannelle) et de phénol (thym thymol, origan giroflier) pour les bactéries, c’est encore mieux ! Et je ne pense pas que la nature des HE, au delà de leur chémotype, soit déterminante pour une activité anti-infectieuse.