Les attaques contre les médecines naturelles visent avant tout la liberté thérapeutique.
L’offensive de certaines autorités médicales et de la santé publique contre les médecines non conventionnelles se manifeste en France par vagues, depuis de nombreuses décennies. Elle est particulièrement active depuis quelques mois, et atteint son apogée médiatique avec le très symbolique déremboursement de l’homéopathie.
On peut observer deux avis tranchés face à ces offensives. Une vision rationnelle, mécanique et matérialiste de la santé argumente ces attaques. Une vision holistique, souvent d’inspiration spiritualiste, parle d’inquisition, de croisade rappelant celles que la religion pouvait exercer sur la science naissante il y a quelques siècles, les bûchers en moins.
La réalité est plus complexe que cette opposition simpliste en noir ou blanc. Quelques nuances colorées sont utiles pour prendre un peu de recul et adopter un regard plus éclairé, moins passionné.
Intérêt et limite de l’Evidence Based MedecineEvidence Based Medecine (médecine fondée sur la preuve)
La médecine moderne est le pur produit de la science rationnelle. Elle applique le principe de Karl Popper qui établit la vérité par des expériences reproductibles, capable de démontrer si une cause donnée produit ou non un effet attendu. Elle se positionne donc dans une logique causaliste. Les lois et les faits qui tracent les contours la vérité scientifique doivent être prouvés et vérifiés en tant que causes qui provoquent de manière significative ou non un effet mesurable.
En médecine, l’ECR, essai clinique randomisé, effectué en double aveugle avec un placebo (ni l’expérimentateur ni le sujet ne savent qui prend quoi), est la méthode de référence. C’est ainsi que l’on évalue toutes les solutions thérapeutiques, dans un protocole qui isole le facteur étudié de son contexte, et évalue son niveau d’activité spécifique.
Cela présuppose que l’activité globale d’un protocole thérapeutique est la somme de toutes ses composantes. Cette démarche réductionniste est le postulat de départ de la science actuelle. Elle considère nos organismes comme des machines, sophistiquées certes, mais machines quand même. Ce présupposé porte le paradigme scientifique comme une révélation initiale porte une religion. Et nous savons désormais que de tels postulats ne sont que des points de vue.La modélisation mécanique des organismes vivants est-elle un problème ? Oui et non, cela dépend du domaine d’application.
Elle est performante dans les situations où la corrélation est forte entre le modèle mécanique et la réalité biologique : malformations, accidents, maladies aiguës. Le succès de la médecine moderne est dans ce domaine spectaculaire.
Elle est limitante lorsque cette corrélation est faible, notamment dans la prévention, les maladies et inconforts chroniques. Un modèle systémique dans lequel le tout n’est pas la somme des parties, les interrelations sont aussi importantes que les éléments de structure, et la causalité trop complexe pour être réduite à un facteur déterminant, semble alors bien mieux adapté. Il permet d’intégrer le processus d’autoguérison et la possibilité d’une transformation qui éloigne du champ de la maladie, ce qui arrête son évolution, voire l’inverse, et permet parfois de moins souffrir de ses symptômes, voire plus du tout.
Dans les pathologies chroniques, l’Evidence Base Medecine est en difficulté, et ne le reconnaît qu’à demi-mot. Elle cherche désespérément une cause déterminante qui n’existe probablement pas. Elle évalue des traitements qui ne peuvent qu’atténuer les symptômes tout en exerçant une action toxique qui limite leur utilisation dans le temps.
Principe d’une médecine systémique
Un système complexe évolue selon un programme qui auto-organise sa structure, en fonction de divers facteurs environnementaux. Un organisme vivant se comporte comme un système complexe qui s’auto-organise à la croisée dynamique de trois groupes de facteurs : son corps (notamment la génétique et la construction déjà établie), son psychisme, et son écosystème personnel (comment il prend soin de lui-même, ses échanges avec l’environnement).
Une malformation, un accident ou une maladie aiguë sont la conséquence d’un facteur déterminant identifiable. Le modèle mécanique peut alors s’appliquer. Les ECR sont pertinents. Et la médecine moderne fournit des solutions adaptées et efficaces.
Une maladie ou un inconfort chronique est la conséquence d’un ensemble de facteurs provenant généralement des trois sources citées précédemment (organisme, psychisme, écosystème personnel). Les causes précises ayant conduit à une nouvelle auto-organisation, dite malade, sont impossibles à identifier. Parfois, elles ne sont même plus actives, le nouveau modèle auto-organisé pouvant s’entretenir de lui-même. Le modèle mécanique qui propose des traitements validés par ECR sur des symptômes est alors inadapté et peu efficace.
Les solutions qui permettent une évolution favorable des troubles chroniques, telles que nous pouvons les observer en approche intégrative, sont généralement un ensemble (relation, soins, évolution psychique, modification de mode de vie) dans lequel un facteur isolé n’est pas pertinent en lui-même. Les évaluations par ECR sont négatives pour les solutions thérapeutiques prises individuellement, et l’evidence based medecine refuse ces traitements considérés comme inefficaces.
Ce n’est pas la correction de causes qui est guérisseuse, mais un changement dans lequel se conjuguent les capacités d’autoguérison et d’évolution, avec l’aide de diverses méthodes de soin qui respecte le processus naturel de vie.
L’exemple de l’homéopathie
L’évaluation de l’homéopathie est approfondie dans l’article l’homéopathie face aux doutes. Le fait marquant de ce dossier est l’obstination à traquer les imperfections de protocole de toutes les études favorables, pour conduire à la conclusion d’une inefficacité au-delà d’un placebo.
Il serait intéressant d’appliquer la même rigueur d’analyse à de nombreux médicaments couramment utilisés et non remis en cause.
On pourrait aussi s’intéresser au grand succès de l’homéopathie, et du haut niveau de satisfaction auprès de ses usagers.
En supposant que les traitements proposés ne permettent qu’un effet placebo, pourquoi celui-ci est-il plus efficace dans ce cadre que dans celui de la médecine conventionnelle ?
L’exemple des élixirs floraux
Moins médiatisés et beaucoup moins évalués que l’homéopathie, les élixirs floraux (fleurs de Bach et autres) ont un succès grandissant auprès du public et des praticiens de santé impliqués dans l’accompagnement psychologique, dans le secteur conventionnel, et surtout dans le secteur non conventionnel.
Est-ce seulement un placebo comme le disent les sources scientifiques ? Nous sommes nombreux à constater des changements significatifs qui surviennent dans un programme incluant des élixirs floraux. Est-ce le produit ? Est-ce le contexte ?
Il semble que l’un et l’autre ne peuvent pas être dissociés. L’effet isolé du produit hors d’un contexte favorable paraît inexistant ou trop faible pour être démontré. Cependant, aucun autre produit, dans ce même contexte, ne produit de tels effets.
Pour comprendre cela, il est évident que nous devons sortir du paradigme réductionniste qui veut comprendre un effet global en séparant celui qui revient à chaque partie. Le mode d’action informatif explique très bien cela dès lors que nous sortons de ce paradigme (les trois modes d’action des produits de soin sont décrits dans le livre Santé Vivante).
Pertinence des critiques contre les méthodes de soins non conventionnelles
Les critiques publiées sur les soins non conventionnels, celles d’Edzard Ernst qui s’est spécialisé dans ce domaine dans le cadre universitaire, ou celles de la Miviludes qui traque les dérives sectaires en France, sont justifiées sur deux points :
1) La loi exige que les méthodes de soins soient validées comme efficaces pour être proposées publiquement comme telles. Et les méthodes naturelles ne disposent généralement pas de cette validation.
2) De nombreux promoteurs des méthodes de santé non conventionnelles (laboratoires, revues, sites internet) entretiennent un discours confus avec des promesses de potentiel guérisseur, pour des programmes non validés au niveau exigé pour être reconnus comme efficaces. S’ajoutent à cela les discours irresponsables de certains praticiens, qui vantent ces promesses et dévalorisent les traitements en cours. Cela entraîne parfois des personnes en détresse vers des parcours de soins sans garantie et potentiellement dangereux. Les pouvoirs publics qui ont pour mission de protéger la population, et en particulier les plus démunis, sont alors légitimes pour intervenir.
Pourquoi certaines critiques sont aussi des attaques sur un fond dogmatique et intolérant
La critique va régulièrement au-delà des deux points recevables exposés précédemment, lorsqu’elle dénigre les soins naturels et prétend qu’ils sont dangereux, en référence à d’exceptionnels accidents. Les propos sont alors assez déplacés quand on sait que les médicaments sont impliqués dans plusieurs milliers de morts par an en France, sans que cela soit considéré comme un problème de premier ordre !
La critique devient également partisane et intolérante lorsqu’elle qualifie de secte tous les praticiens d’une technique de santé, après la condamnation de l’un deux suite à une position relationnelle inadéquate. L’abus relationnel est une chose, la spécialité du praticien en cause une autre ! Lorsqu’un médecin est condamné pour une dérive ou un abus dans sa pratique, on ne remet pas en cause toute la profession médicale !
Cet amalgame qui condamne par généralisation est injuste. Il sous-entend qu’il n’y aurait qu’une seule manière convenable de se soigner. Toute autre approche est par nature suspecte, et classée de manière expéditive dans la rubrique « secte » dès qu’une anomalie est détectée.
Les méthodes d’évaluations mécanistes ne sont pas adaptées aux médecines naturelles
Les méthodes de santé naturelle ne sont pas validées comme efficaces parce qu’elles ne sont pas évaluées, ou ont montré une absence d’efficacité dans des essais contrôlés randomisés. Or, cette méthode d’évaluation adaptée aux méthodes curatives directes est inadéquate sur des soins combinés qui agissent sur la globalité de l’organisme (et non directement sur les symptômes) et sont fortement liés au contexte. L’absence d’efficacité d’un produit sorti de son contexte ne veut pas dire que l’ensemble de la démarche qui intègre ce produit est inutile.
Les multiples personnes qui constatent les bénéfices des approches naturelles de santé et préfèrent payer de leur poche pour suivre ces traitements, ne sont des idiots. Pourquoi les experts médicaux et les pouvoirs publics qui les suivent à la trace s’obstinent-ils à ne pas considérer quelque chose qui suscite autant d’espoir auprès du public et de nombreux professionnels ? Parce qu’ils ne le comprennent pas dans leur paradigme ? Parce que cela menacerait certains intérêts ?
La question aujourd’hui n’est pas de les valider les traitements naturels comme équivalents aux médicaments et à la chirurgie. Il s’agit avant tout de les regarder comme une démarche différente qui a de nombreux bénéfices potentiels et ouvre la porte à un véritable progrès dans le traitement des maladies chroniques. Et la première étape serait de cesser de les considérer comme une solution complémentaire et non comme un problème.
La liberté thérapeutique comme solution d’ouverture et d’apaisement
Comment cette situation bloquée depuis longtemps pourrait-elle s’ouvrir à davantage de coopération, et ouvrir le champ d’une véritable médecine intégrative ?
Se battre contre un système en place, surtout quand il est plus fort, est rarement avantageux. Lutter, combattre, faire grève… sont des comportements d’un ancien monde, qui ont rarement conduit à de grands changements, et qui se révèlent de plus en plus inefficaces.
Pour faire évoluer notre système de santé vers un modèle intégratif incluant les médecines naturelles, aller au combat pour faire reconnaître telle ou telle méthode pour laquelle nous avons un intérêt immédiat, a peu de chance d’aboutir à quelque chose d’utile pour tous. Et cela nourrit la contradiction du monde de la santé naturelle qui affiche des valeurs altruistes dans son discours, et devient bien individualiste quand il s’agit de défendre sa chapelle ou son commerce.
Nous soigner par les moyens que nous estimons les meilleurs est-il un droit fondamental ? Une autorité politique peut-elle vraiment s’y opposer quand la liberté des individus est inscrite dans le marbre des sociétés démocratiques ?
Pour contribuer à la transition vers cette liberté, nous pourrions mobiliser nos énergies pour aider et défendre les personnes qui choisissent de se soigner par des méthodes qui ont du sens pour elle, quelles que soient ces méthodes, dès lors qu’elles n’ont ni danger avéré, ni promesse illusoire. Un mouvement unifié pour la liberté thérapeutique qui rassemble toutes les personnes concernées et ne défend que la liberté, pas les méthodes de soin, pourrait s’appuyer sur la déclaration des droits de l’homme et des textes constitutionnels. Il aurait sans doute plus de poids que toutes les associations spécifiques qui défendent un intérêt particulier.
Dans tous les cas, si nous reconnaissons ce qui est pertinent dans les critiques adressées aux médecines naturelles, nous pouvons à la fois nous remettre en cause pour les faire progresser, et trouver une position plus solide pour dénoncer leur excès par intolérance et défendre la liberté thérapeutique.
Article très complet et bien étayé, constructif.
Je me soigne depuis des années en homéopathie et en aroma (je m y suis formée), et je ne souffre plus de pathologies récidivantes depuis que j’ai exclu les antibiotiques de ma vie…. Je me suis formée aussi en naturopathie et nous avons réglé par le biais de l’alimentation le diabète et l’hypertension de mon compagnon, qui du coup n en a plus et n a plus besoin de médicaments (analyses et suivi médical à l’appui) et mes douleurs d arthrose.
Quand pourra t on enfin s’enrichir des approches complémentaires évoquées dans l’article, quand pourra t on enfin penser les choses de façon ouverte et constructive…. Les pathologies chroniques et celles aiguës ne sont pas à analyser ni à penser ou à panser de la même façon.
Merci pour vos points de vue toujours trés bien étayés
Nous sommes de fervents utilisateurs toute ma famille et moi-même – de l’Homéopathie pratiquée par un médecin homéopathe COMPETENT ! (ce qui est surement le plus difficile à trouver et ça ne va pas s’arranger avec la fermeture des universités).
43 ans sans la moindre prise d’antibiotiques, de cortisone, de statines, etc… C’est la preuve qu’on peut fonctionner autrement… et c’est peut être bien ça le problème (pour les labos) ! Mais que l’Etat nous IMPOSE SES CHOIX pour notre bien évidemment (on est bien trop bêtes pour savoir ce qui est bon pour nous !) c’est tout simplement INADMISSIBLE !!!!!
Ah il est beau le pays de la Liberté !!!
Superbe article
Merci …Merci !
Bravo! Ca fait plaisir d’entendre la voix de la raison et de la mesure.
Je vais garder ce texte en référence et le diffuser… Merci