Soyons clair, il y a un fond de conflit entre la médecine académique, soutenue par les pouvoirs publics et l’industrie pharmaceutique, garante de la connaissance référentielle, et les approches alternatives qui se sentent enfermées dans une législation réductrice de leur espace de liberté. Peut-on faire évoluer cela sans entrer dans un conflit frontal ? Et si l’exemple de Gandhi et Mandela nous éclairait !
Gandhi et Mandela, deux références consensuelles
La manière dont Gandhi a conduit l’Inde à son indépendance, en défendant la liberté de son peuple sans combattre le colon britannique, est une page lumineuse de l’histoire de l’humanité. Bien rares sont ceux qui critiquent ou condamnent le fond de cette démarche, et les faits ont montré qu’elle a été un succès dans son objectif.
Quand Mandela est arrivé au pouvoir en Afrique du Sud, pour que son pays passe au mieux ce virage délicat, il a tout mis en œuvre pour que la majorité noire ne se venge pas des Blancs qui les avaient opprimés, afin que naisse, autant que possible, une nouvelle fraternité et une coopération entre le savoir-faire des uns et des autres.
Il y a dans ces deux êtres quelque chose de rare et d’exceptionnel, que l’on peut voir ou revoir dans les films Gandhiet Invictus.
Avec la conscience de la différence de contextes, on pourrait s’inspirer de ces modèles, largement respectés par les personnes concernées, dans une situation de manque de liberté et de chemin à accomplir pour la gagner.
Une liberté de soins parfois bien étroite
Les pays occidentaux sont fiers de leur démocratie, de leur liberté de la presse, de leur (relatif) respect des droits de l’homme. Et pourtant, en Europe, et sans doute encore plus en France, il y a une liberté qui n’existe pas : celle d’avoir recours sans entrave aux soins de son choix.
Il y a de multiples contextes dans lesquels ce manque de liberté est manifeste dans la société française :
– L’obligation pour un médecin d’avoir recours aux soins validés par la communauté scientifique face à un diagnostic donné, même s’il a des doutes sur l’efficacité de ce soin et qu’il a connaissance d’une autre approche qu’il pourrait proposer en libre choix.
– L’interdiction à la vente de certains produits pour une toxicité suspectée mais contestable (les orotates par exemples), ou pour une efficacité non démontrée (silicium organique par voie orale, produits Beljanski), alors que des produits très contestables comme l’aspartame ont toute liberté d’être diffusés.
– Un contrôle de l’information sur les grands médias. Dans les émissions médicales, on présente souvent la voie académique comme la seule légitime et on ne laisse pas, ou peu, la parole à d’autres approches ou visions. C’est comme si en politique on donnait tout l’espace au pouvoir en place et des miettes à l’opposition. Qui accepterait cela ?
– Un incident thérapeutique, même mineur, obtenu lors d’une pratique alternative peut être tout de suite condamné avec remise en cause la pratique concernée, alors que les multiples accidents médicaux, y compris les scandales à répétition sur les médicaments, sont considérées comme des anomalies regrettables qui ne menacent pas le système de valeur qui les a pourtant généré !
– Certains vaccins sont obligatoires alors que l’intérêt de la vaccination collective n’a pas fait l’objet d’un débat public ouvert…
Etc.
Que serait une véritable liberté thérapeutique ?
Etre libre, en matière de santé, serait pouvoir se soigner par la méthode de son choix, et trouver dans les circuits légaux les produits de soins nécessaires à sa mise en œuvre .
Dans un contexte de liberté qui assure la transparence et l’équité de l’information, avec le pour et le contre de chaque soin, chacun pourrait opter pour le traitement de son choix, et se faire accompagner du thérapeute choisi pour le mener à bien, sans avoir à se cacher pour le faire si ce choix n’est pas celui de la majorité.
Pourquoi cela est-il si difficile ? Les pouvoirs publics réduisent l’espace de liberté avec le noble objectif de protéger la population. Mais peut-on être protégé contre son gré de quelque chose qui ne peut mettre en péril que soi-même, dans une société fondée sur la liberté individuelle dont la limite est le respect de la collectivité ? Dans ce cas, pourquoi le tabac, considéré comme un facteur majeur de morbidité, n’est-il pas hors la loi ?
Tout cela mériterait un vrai débat public !
Défendre la liberté, oui, mais comment ?
Il y a aujourd’hui de nombreuses personnes qui se sentent lésées par cette limite à la liberté thérapeutique et aimerait faire quelque chose pour la gagner. Des leaders d’opinion, des journaux et des collectifs ont choisi de cibler directement les responsables (autorités sanitaires, autorités médicales, industrie pharmaceutique) et de dénoncer leurs abus prouvés ou suspectés. C’est une manière de faire, courageuse dans le sens où elle expose à des risques réels, apparemment adaptée puisqu’elle rencontre un certains succès, mais peu efficace sur le terrain gagné. Ce n’est pas la seule.
La mémoire de Jung, qui a bien souligné que l’on renforce ce que l’on combat, et les exemples de Gandhi et Mandela, nous montrent une autre voie. Défendre une liberté n’est pas forcément combattre ceux qui nous semblent l’entraver, activement ou passivement en exerçant une fonction à laquelle ils croient. On peut aussi la défendre en montrant fermement et pacifiquement ce que l’on veut, dans le respect de la différence de l’autre, et en agissant personnellement dans le sens de son choix.
La dispersion, conséquence de visions trop spécifiques et/ou d’intérêts personnels ?
Il y a depuis longtemps des mouvements qui défendent un aspect ou une vision de la liberté thérapeutique. Depuis quelques années, des structures visent une plus grande globalité des approches alternatives de santé. On y retrouve ainsi la
fondation Asca (Suisse) qui reconnaît des praticiens pour une prise en charge par des mutuelles,
Amavie qui se veut l’union de toutes les médecines naturelles tout en affichant des sponsors,
Alliance pour la Santé qui voudrait être représentatif auprès des pouvoirs publics tout en suivant des objectifs multiples et en faisant de l’information mettant en avant certaines approches… Et bientôt d’autres structures probablement.
Peut-on imaginer un mouvement qui tend à s’unifier dans ce qui rassemble, plutôt que disperser dans ce qui sépare. Un mouvement qui dise oui sans concession à la liberté thérapeutique, contre personne, et sans arrière-pensée de faire avancer une technique de soin, une école, un journal, une mutuelle ou toute structure dans laquelle il y a forcément des intérêts personnels ? Un mouvement dans lequel chacun serait là avec son identité d’être, sans ses titres et ses fonctions, pour ne défendre qu’une seule cause au-delà des conflits de chapelle ?
Un rêve sans doute…
Et pourtant, Gandhi et Mandela sont bien réels !
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Sur le même sujet, à lire sur ce blog :
Les médecines alternatives et complémentaires sont-elles dangereuses ?
Pertinence et intolérance des attaques contre les médecines naturelles en France
Merci pour ce beau texte que j’approuve entièrement.
mais comment faire pour déployer cette liberté thérapeutique, sans être dans le combat? (qui effectivement ne sert à rien)…
Ce que Gandhi et Mandela ont montré, chacun dans leur style, est qu’il est inutile et inefficace de combattre ce que l’on souhaite changer. En revanche, nous pouvons incarner le changement que nous souhaitons et nous investir dans tout ce qui le favorise, avec humilité, détermination et persévérance. Si nous sommes suffisamment nombreux à faire notre part et que cela est bénéfique pour tout le monde, alors les choses évolueront.
Je soutiens la liberté thérapeutique. Chacun doit être libre de se faire soigner comme il veut et par qui il veut.. ; ceux qui ne comprennent pas l’homéopathie sont dirigés exclusivement par leur intellect calculateur… l’énergie existe, qu’ils se renseignent, ils pensent détenir la vérité, car ont peur d’affronter ce qu’ils ne connaissent pas, par orgueil…
Pour ma part, soutenir sans réserve la liberté thérapeutique ne demande pas aux autres de croire à ce qu’ils ne croient pas, juste de respecter la différence.
La médecine allopatique n’est pas l’unique chemin.