L’accident de Fukushima a réveillé les peurs vis-à-vis de la radioactivité, attisées par un manque de confiance dans les autorités après le nuage de Tchernobyl, et surtout, par un défaut d’information sur les réels dangers. Il y a bien un risque de toxicité radioactive dans le monde actuel, mais est-il si important au milieu de tout ce qui nous menace ? Et ne commence-t-il pas en passant un scanner ou une scintigraphie ? Quel est le poids de ce risque dans notre santé globale ?
Radiations ionisantes, le danger invisible et imprévisible
Il y a deux risques avec la radioactivité. D’abord celui d’une irradiation massive qui ne peut survenir qu’en cas de guerre ou d’accident nucléaire. Les effets sont alors bien connus et déterminés par la dose. Au-delà de 10.000 mSv (milliSievert), la mort est quasi certaine. Au-delà de 700 mSv, apparaissent des signes spécifiques à court termes, puis une fréquence accrue de cancers et de leucémies.
Lors d’une irradiation plus faible, on parle d’effets stochastiques, c’est-à-dire imprévisibles et semblant aléatoires. En fait, c’est un risque supplémentaire qui s’ajoute à une causalité multifactorielle et n’aura de conséquences que sur un terrain déjà fragilisé. Le seuil est alors fixé à 200 mSv. Il est cependant clair qu’il n’y a pas de frontière chiffrée applicable à tous entre effet nocif et absence de nocivité. On sait seulement qu’au-delà de 200 mSv, les conséquences sont suffisamment importantes pour être objectivées par les statistiques. Il y a alors plus de leucémies, de cancers et de malformations fœtales.
Doses annuelles, contaminations et radioprotection
Vivre au-delà de toute radioactivité est une pure illusion ! Le sol et le cosmos émettent des rayonnements auxquels nous sommes plus ou moins soumis, selon notre région. On estime, par exemple, la dose annuelle à 2,5 mSv à Paris et à 5 mSv à Clermont-Ferrand. Des détecteurs surveillent un peu partout les variations de rayonnement. La sécurité impose que le surplus d’irradiation ne dépasse pas 1 mSv supplémentaire par an, ce qui est très peu !
On ne peut pas affirmer qu’une augmentation de radioactivité liée à un nuage toxique soit totalement inoffensive, même à faible dose, mais cette toxicité potentielle est un élément parmi d’autres, dans une causalité complexe, et ce n’est sans doute pas la plus déterminante. Cependant, ce facteur étant connu et subi indépendamment des comportements de chacun, on lui attribue beaucoup d’importance. Et ceci, d’autant plus que les autorités sont suspectées d’être malhonnêtes à ce sujet pour éviter tout affolement des populations.
Le problème lié aux passages de nuages radioactifs concerne surtout les éléments irradiants à longue durée de vie, comme le Strontium 90 et le Césium 137, qui peuvent se déposer sur le sol, puis se retrouver dans les aliments (légumes, champignons…), et dans notre organisme. Une fois ingérés, ils émettent leurs rayonnements tant qu’ils ne sont pas éliminés. C’est cela qui peut accroître significativement l’irradiation individuelle, alors que les mesures ambiantes ne montrent pas d’élévations significatives, ou sur une période très brève avec un cumul qui ne dépasse pas le seuil de sécurité. C’est alors le contrôle de la radioactivité des aliments qui peut garantir la sécurité. Un contrôle facilement réalisable pour les grosses productions, mais bien plus difficile pour les cueillettes sauvages et les cultures à petite échelle.
Face à une contamination accidentelle, il n’y a malheureusement pas d’autre choix de faire confiance aux organismes compétents, en sachant que certains sont aujourd’hui indépendants et dignes de confiance (CRIIRAD en France).
Irradiations médicales, bien supérieures, et pourtant mieux acceptées !
Le fait de discuter sur le danger potentiel d’un nuage masque celui d’une autre source d’irradiation bien plus courante : celle liés aux soins et diagnostics médicaux.
Lors d’une radiothérapie, la dose est massive, plusieurs centaines de mSv ! On l’accepte parce que face à un cancer, le bénéfice du traitement est estimé supérieur au risque du traitement. C’est pourquoi ces soins sont régulièrement pratiqués, alors que l’on sait très bien qu’en cas de succès de la thérapie, un risque accru de leucémies pèsera sur l’avenir.
Les irradiations liées aux examens d’imagerie médicale (radiographies, scanner, PET-Scan, scintigraphie) sont beaucoup plus faibles, mais vont jusqu’à 10 mSv pour un scanner (soit 10 fois la dose admise en radioprotection environnementale !) et 30 pour certaines scintigraphies ! Les risques de tels niveaux sont mal connus. La moyenne d’irradiation subie par la population suite à ces examens (1mSv par an) est un trompe-l’œil. Certains ne subissent aucun examen de ce type, alors que d’autres en cumulent plusieurs. Et lors du passage d’un scanner, on a bien du mal à savoir la dose qui a été effectivement reçue !
Il y a une certaine inquiétude qui monte face à la systématisation des examens irradiants. Face à un risque mal défini, il est difficile d’évaluer le rapport bénéfice risque. Cela pose la question de l’utilité de la multiplication des examens d’imagerie, et de l’avenir d’une médecine qui a besoin de toujours plus de précision dans son diagnostic, toujours plus de technologie… et avec cela crée des risques nouveaux dont elle découvrira bien plus tard ses conséquences.
Un choix de santé globale
Pour prendre soin de sa santé, il est évident qu’un minimum d’exposition aux radiations ionisantes est préférable, mais c’est là un facteur parmi tant d’autres, et il n’y a pas lieu de se focaliser sur ce risque anxiogène. Il est important pour cela de prendre conscience que ce risque n’est pas déterministe, seulement cumulatif avec tous les autres.
Face aux accidents nucléaires, il n’y a pas grand-chose à faire, seulement accepter que nous vivons dans un monde dangereux, avec des risques différents de ceux de nos ancêtres. Nous pouvons œuvrer, si nous en sommes convaincus, à sortir du nucléaire, qui est un choix à court terme peu soucieux de l’héritage que nous laissons aux générations futures. Lors de contaminations environnementales, les recommandations de protection officielles sont prioritaires. Elles ne doivent pas être négligées en s’illusionnant sur les protocoles aléatoires qui circulent et ne reposent que sur des croyances (miso, chlorure de magnésium, etc.).
Face aux examens et soins médicaux, ayons le discernement de choisir avec nos valeurs, qui ne sont pas forcément les mêmes que celles du corps médical, ce qui est globalement avantageux ou non pour note santé et notre bien-être.
Et si nous faisons un choix d’une santé globale en adoptant une écologie personnelle qui accroît notre potentiel de vie, nous limiterons les conséquences de l’irradiation, qui n’est qu’un élément parmi tant d’autres, dans la causalité polyfactorielle qui déclenche nos maladies.
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