La guerre idéologique des régimes alimentaires (lequel d’entre eux nous donnera la santé optimale ?), ne date pas d’hier, et ne s’arrêtera pas demain. Trop d’enjeu sans doute, et une compulsion chronique des nutritionnistes à préconiser quelque chose de nouveau. Mais au final, entre les injonctions contradictoires, c’est la confusion qui sort gagnante. Alors que l’alimentation santé reposant sur un consensus scientifique, c’est si simple ! Trop simple peut-être ?
Alimentation et santé, trois approches différentes
- La science médicale préconise encore une nutrition mécanique qui apporte tous les ingrédients nécessaires à la machine corporelle. Elle a longtemps négligé le rôle de l’alimentation sur la santé et le processus de guérison. Il y a cependant une prise de conscience grandissante, à la lumière des publications qui pleuvent sur le sujet, mais ce que l’on sert encore à manger dans les hôpitaux montre que les applications concrètes sont encore bien loin.
- A l’opposé, la naturopathie et certaines médecines traditionnelle (chinoise, ayurvédique…) insiste depuis longtemps sur son rôle majeur, illustré par la célèbre citation d’Hippocrate qui fait de l’aliment le premier des médicaments. Les divers régimes proposés par les uns et les autres ont fait des adeptes, avec plus ou moins de longévité, mais aussi des réticents face aux privations et contraintes. Ils ont surtout créé une grande confusion par leurs préconisations contradictoires, et le rejet de la communauté scientifique qui ne reconnaît pas ce qui vient de l’empirisme sans être suivi de validation objective.
- Les principes de l’alimentation santé scientifique sont nés de l’observation rigoureuse dans diverses populations, de la variation de certains indicateurs de santé en fonction de facteurs alimentaires. De ces observations ont émergé des règles générales, dont le respect s’accompagne de bénéfices santé objectivables, sans cesse confirmés par de nouvelles recherches. Cette approche alimentaire est enseignée dans certaines universités, en cursus optionnels. La médecine est encore dure d’oreille à son égard, non pas parce ce que cette nouvelle science de la nutrition manque de rigueur et de niveau de preuve, mais parce qu’elle bouscule un ordre établi et menace certains intérêts (la manne actuelle de l’industrie agroalimentaire, le pouvoir médical qui s’est construit en négligeant cette discipline, trop accessible à tous).
L’ampleur et la rigueur de l’étude des 7 pays en font un pilier du principe d’alimentation santé. Les facteurs alimentaires bénéfiques ont ensuite été confirmés et affinés par d’autres recherches, montrant quels aspects du régime Crétois, le plus favorable parmi les 18 groupes observés, sont déterminants pour la santé.
Que ce soit sur le modèle méditerranéen ou d’Okinawa, les études qui se sont multipliées depuis ne cessent de confirmer les bienfaits de ces règles élémentaires.
– Enrichir le repas de matin et alléger celui du soir.
- La baisse de qualité de produits agricolesliés à l’agriculture intensive : moins de vitamines et de minéraux, présence de pesticides résiduels, tendance à privilégier des produits énergétiquement denses.
- La perte des liens locaux, avec impossibilité de fraîcheur et nécessité de conservation, ce qui conduit à la perte d’éléments fragiles et à la nécessité d’ajouter des conservateurs.
- Effets néfastes des transformations: le raffinage (farine blanche, riz blanc, sucre blanc) élimine les fibres, les vitamines… et accroît l’index glycémique (IG), les divers additifs ajoutés ne sont pas neutres.
- L’excès, lié à l’abondance, qui induit naturellement l’accroissement de la consommation…
- La perte des justes proportions : trop de gras de mauvaise qualité, trop de sucres à IG élevé, trop de protéines, trop de sel, pas assez de fruits et légumes et de graines entières…
À l’origine de ces erreurs, on trouve probablement une idéologie médicale (modèle mécanique du corps et de ses besoins) et une idéologie économique (libéralisme qui lie le profit au productivisme), les deux ayant une grande finalité à s’accorder et coopérer.
Pourquoi préconiser des modes alimentaires restrictifs ? Pourquoi créer de nouveaux régimes alors qu’il en existe déjà une multitude ? On peut s’étonner qu’une alimentation santé simple, scientifique et consensuelle, intéresse aujourd’hui aussi peu ! Et constater, une fois de plus, que le monde occidental et son système économique activent sans cesse les voies de la valorisation individuelle, de la croissance et du profit, au détriment de l’intérêt collectif.
Face au constat du rôle néfaste de l’alimentation moderne pour la santé, une solution simple et non contraignante est donc possible, mais sa mise en œuvre est difficile, à titre individuel, et encore plus de manière collective.
Tous ces facteurs font qu’il ne suffit pas d’avoir une information pour la mettre en œuvre. Une modification importante et durable du mode alimentaire demande soit une forte détermination (pour s’informer et mettre en place le changement face aux divers freins), soit un accompagnement. Un accompagnement en nutrition est optimal par la combinaison de deux compétences : la connaissance détaillée de l’alimentation santé, bien sûr, mais aussi la capacité de relation thérapeutique qui permet le changement.
D’un point de vue collectif, le changement est actuellement impossible, du fait que le mode alimentaire en place est directement lié au système économique, et le changement trop brutal du premier entrainerait un effondrement du second. C’est pourquoi les messages de l’alimentation santé scientifique consensuelle ne peuvent être diffusés par les voies médiatiques dominantes. L’évolution peut seulement être progressive, par les démarches individuelles. Dès lors que nous restons à cette échelle individuelle, il existe un véritable espace de liberté, dans l’accès à l’information, dans un nouveau choix d’aliments et de sources d’approvisionnement, et dans une autre manière de concevoir la cuisine. Changer, vraiment, et en toute discrétion (faire plutôt que dire !), le partager autour de soi en toute simplicité, sans chercher à convaincre, sont probablement la clé la plus efficace du changement.
Votre article est réaliste et objectif.
Baignant dans l’univers de la diététique-naturopathie depuis de nombreuses années, votre article corrobore ce que nous découvrons au fil du temps.
Seule une recherche individuelle avec mise en pratique dans le temps, peut apporter un réel changement. Il ne faut surtout pas compter sur les infos des grands courants agro-médico etc pour s’en sortir, la finance dirige tout le système, et on voit les résultats ….
Conclusion : votre article est une bonne synthèse de cet univers.
Bravo vous faites du bon boulot.