1) Psychosomatisme (Michel Moirot, Ryke Geerd Hamer)
Hamer n’a pas inventé le psychosomatisme, il lui a donné un éclairage nouveau. L’honnêteté de sa démarche aurait été qu’il se réfère d’abord à ceux qui l’ont précédé. Les psychanalystes sont restés vagues sur les mécanismes mais ont décrit le processus. Michel Moirot (1) a été plus rigoureux sur le cancer en réalisant une étude comparative sur une population signifiante, faisant ressortir une différence significative, et non une somme de témoignages qui généralise des cas qui se ressemblent. Moirot est entré dans la démarche de science en respectant son mode de validation, mieux que Hamer. Ce qui est nouveau dans la GNM n’est pas l’identification d’un pôle de causalité psychologique, mais la description du processus et une dogmatisation qui place cette origine au-dessus des autres.
2) Causalité des cancers
Il y a un processus commun à la prolifération de cellules dédifférenciées qui caractérise tous les cancers. Quand on parle de cancer, cela les englobe à priori tous, alors qu’ils peuvent avoir des mécanismes bien différents. Dans certains cas, le déterminisme génétique est puissant (enfants XP) dans d’autres l’induction environnementale est déterminante (amiante). Les cancers dégénératifs qui se développent sur une très longue période et se déclarent à un âge avancé (prostate chez l’homme) ou sur une inflammation locale durable (hépatite chronique, MICI) ont un lien solide avec une pression biologique accentuée par des facteurs environnementaux. Les cancers des sujets de moins de 50 ans qui se déclarent 6 à 12 mois après un choc violent ont une forte influence psychogène évidente.
Chaque pôle : génétique, environnemental ou psychique, peut être prépondérant dans certains cas, et ils sont probablement associés en synergie, avec chacun un part variable, dans la plupart des situations. Choisir l’un de ces pôles comme la source première du processus est le choix dogmatique d’une pensée linéaire qui veut imposer une vérité accessible à la représentation mentale face à une complexité polyfactorielle qui ne l’est pas. C’est pourquoi l’idée d’une loi d’airain du cancer, quelle que soit son mécanisme, n’est pas acceptable.
3) La maladie vue comme un processus adaptatif, avec ou sans primauté psychique
L’apport vraiment innovant et intéressant de Hamer est la description du processus adaptatif de la maladie, solution de survie à une instabilité menaçante.
Cependant, son principe d’une loi biologique des êtres vivants sous entend des mécanismes de somatisation dont l’origine est psychique et induit des circuits communs à tous. Il serait donc possible de remonter le processus par une analyse fine et de programmer la réparation, comme on le ferait pour une machine dont on maîtrise le logiciel. Il s’agit là d’un modèle mécanique qui a évolué en introduisant la subtilité de l’informatique, tout en restant linéaire. Mais cela reste dans une linéarité qui modélise la vie dans un schéma qui reste accessible au mental afin qu’il puisse le contrôler. Est-ce cela la vie ?
On retrouve la même chose dans la dynamique non linéaire des systèmes de Prigogine. Avec une différence notable : la causalité de l’instabilité est polyfactorielle, et peut avoir des sources diverses avec le même résultat. La médecine nouvelle systémique à laquelle j’adhère se situe dans ce cadre élargi, où le psychisme est un pôle de causalité important mais non unique.
Une méthode de soin qui ne fonctionne vraiment qu’avec son concepteur !
Ryke Geerd Hamer était un thérapeute génial, ceux qui l’ont approché le savent. Tout comme l’ont été Milton Erickson, Catherine Kousmine et bien d’autres. On a retenu d’eux les concepts santé ou les outils qu’ils utilisaient, et oublié qu’ils avaient avant tout la capacité exceptionnelle d’une relation thérapeutique transformante. Les héritiers qui essaient de reproduire l’approche du modèle, avec la plus grande rigueur parfois, n’ont pas les mêmes résultats. Comme l’élève qui a récupéré le sabre du maître ne peut devenir son équivalent au combat.
Pourquoi personne après Hamer n’a su lire les scanners cérébraux comme lui ? L’information qu’il voyait était-elle objectivement inscrite, ou était-ce un support par lequel il pouvait recevoir une intuition hors du commun, comme un astrologue ou un numérologue exprime des éclairages lumineux à partir d’un thème dont l’objectivité est discutable, ou comme de nombreux thérapeutes voient directement les problèmes avec une acuité étonnante, par un simple « scanner » sensitif ?
Pourquoi les succès thérapeutiques de Hamer ne sont-ils pas perpétués par ceux qui appliquent sa démarche ?
Quand Claude Sabbah dit que » l’échec de la programmation biologique peut être celui du thérapeute qui n’a pas trouvé l’origine du conflit », c’est comme la science médicale actuelle qui affirme ne pouvoir guérir l’Alzheimer car on n’en connaît pas la véritable cause, ou les extrémistes du libéralisme qui sont convaincus que l’économie mondiale ne réussit pas vraiment parce qu’elle n’est pas assez libérale ! Le propre de tout dogmatisme est d’être incapable de se remettre en cause, et d’expliquer les échecs par le fait de ne pas être allé assez loin dans la direction où l’on échoue actuellement.
4) Causalité et guérison, un lien pas si simple
Le rôle du psychisme dans la genèse de nombreuses maladies est à mon sens évident, tout comme il l’est dans la guérison. Mais cela ne veut pas dire que la connaissance de la cause permet cette inversion de processus. La transformation guérisseuse est probablement associée à une modification profonde de l’inconscient avec mutation de croyance, changement de représentation du monde, et mise en mouvement sur un nouvel axe de vie. Connaître la cause peut favoriser ce changement, ou le compliquer… Il est illusoire de croire qu’il suffit d’agir sur cette seule cause, avec diverses techniques, pour sortir d’une maladie. Et si cela est arrivé parfois, rien n’autorise à le généraliser. On pourrait de la même manière s’appuyer sur les échecs pour invalider cette piste !
Le point commun de la GNM, de la science médicale occidentale, et de tous les dogmatismes est le raisonnement par pensée linéaire, qui enchaîne les causes et les effets et ne peut intégrer la causalité polyfactorielle complexe, reconnue aujourd’hui dans la plupart des maladies chroniques.
Les approches de biodécodage ont souvent recours à la PNL et ses habiles outils qui écartent les obstacles vers l’objectif pour rendre le mental plus puissant à réaliser ce qu’il souhaite. Mais le mental peut-il vraiment changer quelque chose à l’inconscient ? La transformation de l’inconscient, voie royale de guérison, est protégée par une porte bien trop blindée de cette influence-là, nous en avons tous fait l’expérience. Ce qui transforme est plus global et mystérieux, dans un mouvement dont on peut choisir l’axe mais pas le résultat, et qui demande plutôt de s’ouvrir à l’intelligence de la vie que de contrôler quoi que ce soit. En fait, la qualité de la relation thérapeutique est probablement bien plus déterminante que les outils qui vont être utilisés. Cela ne veut pas dire que les outils sont inutiles, mais qu’ils ne sont pas suffisants.
5) Intégrer ou rejeter l’approche de Hamer ?
Il est regrettable que l’approche de Hamer soit aussi vivement critiquée par ceux qui ne la connaissent pas, et la rejettent en bloc du fait de ses dérapages. Son apport est respectable et peut vraiment enrichir une médecine globale ouverte. Il faut cependant reconnaître qu’en formant des praticiens au décodage des maladies sans les initier
– ni à la relation thérapeutique (2),
– ni au piège de la jouissance mentale que peut éveiller la connaissance de l’origine des maladies, – ni au mécanisme d’enfermement que peut générer une information donnée qui plaît au mental de celui ou celle qui la reçoit, sans qu’elle soit pour autant dans l’axe de sa réalité (3),
prépare la planche à bien des glissements !
Cette médecine gagnerait en respectabilité si d’une part elle reconnaissait clairement ses dérapages et s’activait à les prévenir, et d’autre part si elle sortait de sa pensée linéaire qui érige en cause supérieure ce qui n’est, sans doute, qu’un aspect de la causalité complexe polyfactorielle.
Références
Autres sources :
• Revue autour de la GNM : Néosanté éditions ————- Voir un dossier complet sur le psychosomatisme (psycho-sante.fr)
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Illustration : Lucille Cuiné
L’approche de la maladie est multifactorielle, et que l’essentiel se situe au niveau de la qualité de la relation pour optimiser l’efficacité de nos outils et savoir les choisir.
La « toute puissance » de certains thérapeutes en DB et à laquelle j’ai été confrontée, est sans mesure agressive.
Obligation est faite aujourd’hui aux thérapeutes de s’incliner devant le secret de la maladie de chacun.