Le concept Santé Vivante s’inscrit sans réserve dans cette démarche. Son éclairage systémique apporte un fondement théorique qui donne plus de sens et de cohérence. En appliquant les lois dynamiques des systèmes complexes à la maladie et à la guérison, il émerge un modèle général du mécanisme évolutif de la santé des organismes. En accord avec les faits observés, et indépendamment de toute croyance dogmatique qui limite le champ de vision de la réalité.
1) Les bases de la santé intégrative
Des praticiens de l’Université d’Arizona ont proposé la définition suivante : « la médecine intégrative est une médecine axée sur la guérison, qui tient compte de la personne dans son ensemble (corps, esprit et âme), incluant tous les aspects du mode de vie. Elle met l’accent sur la relation thérapeutique et a recours à toutes les thérapies appropriées, tant conventionnelles qu’alternatives.
2) Sa spécificité peut se résumer en 4 points :
- Elle est axée sur la guérison, en tant que processus de transformation qui va bien au-delà du simple effacement des symptômes.
- Elle est centrée sur la relation, bénéficiant en cela de l’apport des psychothérapies. La qualité de la relation thérapeutique, qui laisse un espace de souveraineté au soigné et participe au développement personnel du soignant, est considérée comme un facteur essentiel du processus de guérison. Le thérapeute doit tendre lui-même vers un état de santé globale attractif pour les personnes qu’il soigne.
- Elle tient compte de tout ce qui influe directement ou indirectement sur la santé : le psychisme (personnalité, relations, stress, rapport à la spiritualité), les facteurs environnementaux (alimentation, toxiques, exposition aux ondes électromagnétiques), le corps (génétique, terrain biologique acquis, tensions liées aux compensations posturologiques, activité physique, récupération par le sommeil).
- Elle a recours à tous les outils thérapeutiques qui ont montré leur efficacité et dont les effets néfastes n’étouffent pas les bénéfices. Elle évite autant que possible les médicaments qui nuisent aux fonctions générales et les thérapies alternatives qui ne reposent que sur la croyance.
3) Le concept de maladies multifactorielles
La santé intégrative s’est libérée de cet enfermement en admettant que c’est un contexte multifactoriel qui conduit à la maladie, qu’il n’y a pas forcément de hiérarchie linéaire entre l’action des facteurs, et que des facteurs différents d’une personne à l’autre peuvent conduire à un même syndrome (ensemble de signes cliniques et biologiques associés).
4) Une autre idée de la guérison
Une telle guérison nécessite l’investissement du malade dans son chemin thérapeutique qui est aussi celui de son développement personnel, en résonance avec celui de son thérapeute.
5) L’apport systémique
L’approche systémique, appelée aussi science de la complexité, est d’un abord difficile parce qu’elle repose sur une logique non linéaire, plus accessible à l’intuition qu’à la raison. On ne peut y entrer sans se libérer du mode de pensée purement rationnel qui conditionne la culture occidentale. Cette science est encore mal connue dans le monde de la santé. Et pourtant, ses descriptions de la dynamique évolutive et du mécanisme des transformations, établies avec une rigueur scientifique irréprochable, sont sans équivoque celles qui correspondent le mieux à la réalité observée.
6) Santé vivante : intégrative et systémique
Cela conduit notamment à considérer que :
1. La stabilité d’un organisme étant liée à tous les facteurs qui l’influencent, il est illusoire de se focaliser sur les liens directs de cause à effet d’un facteur isolé pour comprendre la genèse d’une maladie ou d’une guérison. Les études actuelles sur laquelle repose la science médicale, en appliquant cette démarche, ne peuvent conduire qu’à une représentation mécanisée de la vie. Cette représentation, qui constitue la connaissance médicale universitaire actuelle, est décalée de la réalité globale observée et incapable d’intégrer les synergies non linéaires des thérapies holistiques.
2. psychisme est un facteur clef, mais en aucun cas la source qui précède toute manifestation. L’esprit influence le corps, mais le corps et l’environnement influencent aussi l’esprit. L’ensemble est un mouvement perpétuel d’ajustements et d’optimisation qui maintient la stabilité. Dans un processus de maladie ou de guérison, il est plus adapté de dire que l’esprit permet ou bloque la transformation, plutôt qu’il en soit le moteur principal.
3. Le processus vivant ne peut jamais faire marche arrière, car il ne peut effacer la mémoire de ce qui a été vécu. Ainsi, une guérison ne sera jamais un retour à ce qui était là avant la maladie, mais la transformation vers un état nouveau. C’est pour cela que la maladie est souvent perçue comme un processus d’évolution personnelle.
4. On ne peut jamais être sûr qu’un traitement sera efficace, tout comme on ne peut pas prétendre qu’une maladie soit incurable. Nous sommes dans le cadre de processus non linéaires et ceux-ci sont, par essence, imprévisibles dans l’absolu. En revanche, en agissant d’une manière qui a fait ses preuves et qui respecte les lois naturelles de la vie, une thérapie met toutes les chances du bon côté et se donne les moyens du meilleur résultat possible. C’est une attitude pragmatique et humble face à un mystère qui nous dépasse, plutôt qu’un désir de maîtrise, qui au final est toujours une illusion.
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Le concept de santé intégrative, systémique, personnalisée et durable est développée dans le livre Santé Vivante.
Pour accompagner de la façon la plus juste une personne en chemin vers la santé, l’expérience m’a toujours montré qu’il est essentiel de dépasser les concepts, les méthodes certes utiles pour cadrer suffisamment mais très vite enfermantes dans des schémas mentaux dont il faut se défaire. La présence du thérapeute dans une ouverture humble et bienveillante contribue grandement à la prise de conscience de l’accompagné(e) de ses schémas d’enfermement dans une tridimension du temps. Qu’est-ce que c’est ? Comment c’est venu ? Ou cela conduit et pour quoi ? Les réponses émanent de la profondeur de l’être et entraînent une réorganisation des structures psychosomatiques progressivement vers une ouverture à l’inconnu dans la joie d’exister, plutôt que dans la peur de l’insécurité. Cette présence se partage et s’étale dans la joie d’être….
Je trouve très intéressant cet article. En tant membre du comité de rédaction de la revue Santé Intégrative, je vous remercie de la citer et de la complimenter […].
Dans la critique que vous faites de la santé intégrative au début du paragraphe « l’apport systémique », je vous trouve juste un peu dur. Il est vrai que nous sommes assez pragmatiques, car nous sommes d’abord des thérapeutes très engagés dans nos activités quotidiennes, mais il y a quelquefois des apports théoriques réfléchissant sur des modèles ou plutôt des visions théoriques de nos pratiques. Je vous renvoie par exemple à la série d’articles que j’ai écrits sur « les 7 corps… »(n°11). Il est vrai que j’utilise le modèle théorique de Ken Wilber, dont je parle souvent par ailleurs dans la revue, mais qui n’est pas opposé à la vision systémique – il est juste un peu différent. D’autre part, sur mon site, je fais référence à Edgar Morin qui est un de mes mentors, mais je n’en ai pas beaucoup parlé dans la revue.
De toute manière nous sommes dans le même courant de pensée et de pratique […].
Je fais partie du comité de rédaction de santé intégrative, et je vous remercie des commentaires que vous avez porté sur notre revue. Ils sont tous vrais, y compris pour la pub, un mal nécessaire si nous devons survivre, comme vous l’avez parfaitement compris. Quant aux liens entre l’approche systémique et la santé intégrative, ils découlent de la nature systémique de la vie. Pour ma part, même si je le dis pas assez souvent, je ne conçois pas de thérapeutique en dehors de l’approche systémique. Malheureusement, comme vous l’avez aussi signalé ce sont des concepts difficilement accessibles au plus grand nombre. Nous nous efforçons de les y amener petit à petit.