La relation thérapeutique est le point commun de toutes les médecines et de toutes les pratiques de soins, le socle unificateur de toute stratégie cohérente vers la guérison. Sa qualité est un facteur majeur de satisfaction des patients/clients. Son effet amplificateur de l’efficacité des soins est démontré par l’effet placebo. Pourtant, elle est étonnamment négligée dans les cursus de formation.
Certains praticiens obtiennent des résultats étonnants sur des pathologies réputées difficiles à prendre en charge, alors qu’ils utilisent des techniques de soin connues et accessibles à tous. Le conseil d’un même produit de santé naturel par plusieurs prescripteurs dans une même pathologie peut donner des résultats très différents. Par exemple, un élixir floral pris en automédication n’a généralement pas les effets obtenus dans le cadre d’un suivi thérapeutique.
La réponse habituelle à ces observations renvoie à l’existence de nombreux facteurs aléatoires qui peuvent expliquer ces variations. Mais analyser la complexité au sein d’une orthodoxie qui doute de tout ce qui n’est pas vérifié et modélisé conduit à occulter certaines évidences. Et lorsque l’on explique un effet thérapeutique incontestable obtenu par une solution non validée par un effet placebo, on reconnaît implicitement que la relation thérapeutique peut être déterminante.
Efficacité des soins
La science médicale valide une méthode de soins lorsque que son efficacité peut être isolée de l’influence d’un contexte, ce qui permet d’identifier et de quantifier sa valeur ajoutée réelle, dans une logique mécaniste d’addition. Cette démarche rigoureuse est précieuse. Elle a permis d’établir une base de connaissance fiable sur le potentiel curatif propre, c’est-à-dire indépendant des facteurs associés, de très nombreux médicaments, produits naturels et techniques de soins. Cela permet, en principe, de choisir les outils thérapeutiques les plus performants face à une situation pathologique donnée.
L’utilisation mécanique des solutions évaluées fonctionne très bien sur les maladies à causalité simple, et plus spécialement sur les manifestations aiguës. La fonction essentielle du médecin est alors de choisir le traitement médical ou chirurgical le mieux adapté au diagnostic. C’est une décision logique découlant d’un raisonnement linéaire, que pourrait aussi prendre, avec plus de rigueur encore, un robot bien programmé !
Mais cette démarche fonctionne plutôt mal dans les pathologies chroniques et les pathologies à causalité complexe pour lesquelles il n’y a pas de solutions ayant fait preuve de leur efficacité. Pourtant, on observe parfois des résultats intéressants. Ce n’est donc pas un outil thérapeutique isolé évaluable qui fonctionne, mais une stratégie globale, qui échappe à logique mécaniste pour s’appuyer sur le potentiel d’auto-guérison et de transformation. Le succès d’une telle stratégie est lié à la mise en synergie de soins adaptés autour d’une relation thérapeutique optimisée. C’est dans ce contexte que l’on observe les paradoxes précédemment cités.
La qualité de la relation entre le soignant et le soigné est probablement une clef majeure d’explication des différences observées. Si la technique de soins est une flèche, la relation serait l’arc qui permet d’ajuster le tir. Plus cet arc est performant et l’archer attentionné, mieux la flèche atteindra sa cible.
La relation durable qui fait la différence
Lors d’une enquête sur les résultats significatifs obtenus dans l’évolution de syndromes fibromyalgiques, j’ai recueilli le témoignage de divers praticiens. L’un affirmait obtenir des évolutions vraiment intéressantes avec la micronutrition, en 6 mois. D’autres avaient des résultats comparables après une détoxication des métaux, le traitement d’une candidose chronique ou un travail de correction posturologique. Chaque fois en 6 mois minimum !
Un seul point commun à tous ces succès : la durée de 6 mois. Que se passe-t-il donc en 6 mois ? Cette période permet la continuité d’une stratégie, autour d’une relation qui prend une part active dans un processus de transformation. C’est probablement cela, plus que la nature des outils utilisés, qui permet une amélioration réelle et durable. Les outils sont nécessaires et ils doivent être adaptés. Mais des choix de soin très différents peuvent convenir à une même situation. Ce choix dépend souvent davantage du praticien, qui ne peut tout connaître, que du malade. Dans une pathologie complexe, on ne peut connaître et soigner toutes les causes, et c’est la transformation guérisseuse, plus que la correction causale, qui donne des évolutions remarquables et durables. Plusieurs portes peuvent conduire à cette transformation guérisseuse. La nature du soin dépend de celle qui est choisie, et n’est donc pas aussi déterminante que l’on le croit. Ce choix doit simplement être bien maîtrisé pour être correctement administré, et initier un processus transformant de l’organisme.
On passe beaucoup de temps à chercher le meilleur outil, alors qu’il serait sans doute plus efficace de chercher la bonne relation qui permet aux outils disponibles d’exprimer le maximum de leur potentiel. Il est évident qu’une bonne relation associée à de bons outils offre le contexte thérapeutique optimal.
La preuve par l’effet placebo
Le pouvoir amplificateur d’efficacité de la relation thérapeutique sur un traitement est connu depuis longtemps : on l’appelle l’effet placebo. C’est ce qui a conduit à la mise en place des essais contrôlés randomisés, dit en « double aveugle ». Pour évaluer l’effet propre d’un médicament, on applique un protocole dans lequel ni le patient ni le médecin ne savent si le produit utilisé est un vrai ou un faux. On observe ainsi qu’un simple placebo placé dans un contexte de traitement a des effets étonnants. On ne tient compte au final de cet effet placebo que pour le soustraire à l’effet global du produit, et isolé le pouvoir spécifique de celui-ci.
Cet effet placebo est un problème pour la recherche qui doit le contourner pour évaluer l’effet propre des solutions testées. C’est une aubaine pour tous les thérapeutes qui savent optimiser les conditions dans lesquelles ils proposent un traitement, car cela permet d’amplifier les effets de tous les traitements.
L’expérience de la psychothérapie
L’importance de la relation thérapeutique dans les résultats obtenus est une évidence dans le
domaine de la psychothérapie, c’est pourquoi les praticiens y sont généralement bien formés.
On pense, à tort, qu’elle est moins importante lors de soins médicaux, parce que ces soins concernent le corps, et que la relation est du domaine psychique. Elle ne serait donc qu’un confort optionnel ! Comme si la tête et le corps étaient à ce point séparés dans une pathologie complexe ! Or il est clair, par l’observation et par les multiples travaux sur l’effet placebo, que la relation est essentielle à la réussite d’un parcours thérapeutique. Elle est parfois plus efficace que les soins, que l’on retient au final par application d’un mode de pensée mécaniste, alors que c’est leur amplification par le contexte qui a été déterminante. D’où les différences citées en introduction.
Les différentes attitudes
Il y a différents positionnements dans la relation thérapeutique : non directif ou directif, enveloppant ou bousculant, proche ou distant. Il n’y a pas une position qui soit systématiquement mieux qu’une autre. Tel positionnement peut être mieux adapté à une personne qu’à une autre, et pour une même personne à un moment ou un autre de son parcours. Chaque positionnement a une fonction particulière, c’est pourquoi il est opportun d’adopter celui qui convient le mieux à chaque situation. C’est en cela que la relation fait partie du parcours thérapeutique et contribue de manière importante à sa réussite. C’est pour cela qu’elle peut être améliorée par une formation qui montre les différentes attitudes et le rôle qu’elles jouent dans l’efficacité de la stratégie de soin.
Conséquences multiples d’une relation optimisée
La relation thérapeutique est le socle unificateur de tout accompagnement qui a besoin de la durée pour mettre en œuvre une transformation guérisseuse. Sa fonction est multiple :
– Créer un climat de confiance qui permet d’exprimer des aspects difficiles à révéler mais essentiels à prendre en compte pour élaborer une stratégie optimale vers une transformation guérisseuse.
– Tracer un parcours dans la durée pour aller au bout des transformations initiées. La forte inertie des pathologies chroniques empêche toute évolution durable s’il n’y a pas un minimum de persévérance dans le temps (6 mois est un repère qui revient souvent dans les observations).
– Induire au moment opportun les déstabilisations nécessaires à la remise en cause et à l’évolution, dans un climat de confiance qui respecte la souveraineté de chacun.
– Ne pas laisser de doute sur la pertinence des solutions choisies et le fait qu’elles porteront leur fruit dans la durée.
– Libérer le patient/client de la charge de son parcours thérapeutique, en l’accompagnant et en le soutenant sur un chemin qu’il ne peut pas accomplir seul.
Au cœur d’une approche globale
La rencontre avec les médecins et autres thérapeutes qui obtiennent des résultats inhabituels dans des situations difficiles m’a permis de dégager ce qui semble commun entre eux, et qui peut se résumer en 5 points mis en synergie :
– Un soin direct sur le corps (manuel ou énergétique),
– La mise en œuvre d’une modification de l’alimentation et du mode de vie,
– L’utilisation de produits de santé naturels à potentialité transformante
– Une demande de participation active (exercices corporels, engagement dans des actes, écriture…),
– Une relation engagée qui relie l’ensemble.
Dans cette relation, existent à la fois l’empathie pour accueillir pleinement et soutenir, et la force de ne pas douter dans les solutions choisies afin de transmettre cette confiance
S’investir dans les techniques de soins ou dans la relation ?
La grande majorité des praticiens de santé qui exercent aujourd’hui, autant dans le secteur conventionnel que non conventionnel, ont été formés à une technique de soins, mais peu voire pas à la relation dans laquelle ces soins vont être pratiqués. Chacun fait avec ce qu’il est, avec plus ou moins de réussite et en rencontrant plus ou moins de difficultés.
Le moule culturel influent de la médecine mécaniste qui prône la technique ou le médicament, fait que chacun cherche généralement à perfectionner ses techniques ou trouver de nouveaux produits pour améliorer ses résultats.
S’investir dans l’optimisation de la relation thérapeutique par la formation est un autre choix.
C’est probablement un levier bien plus important de changement, car il aura des conséquences sur l’ensemble de la pratique et sur tous les problèmes rencontrés.