Les borrélioses de Lyme sont en constante augmentation, mais encore très mal connues, du fait de leur complexité, et d’un programme de recherche qui les considère comme une maladie infectieuse classique qu’elle n’est pas. Dans le flou des données actuelles, diagnostiquer et traiter les personnes malades demande de faire des choix parmi les informations multiples et parfois contradictoires qui circulent.
Des tests biologiques compliqués et souvent peu fiables
Les tests biologiques destinés à diagnostiquer les borrélioses de Lyme ont été calqués sur ceux de l’infection à VIH : un dépistage par ELISA pour ratisser large, et une confirmation par Immunoblot pour s’assurer qu’il s’agit bien de la maladie recherchée.
Cependant, les test
ELISA majoritairement utilisés ont été mis au point pour la maladie de Lyme américaine liée à
Borrelia burgdorferi, alors que les formes européennes sont principalement dues à
Borrelia afzeliiet
garinii en Europe. D’autre part, il y a une réponse sérologique très polymorphe des sujets infectés, qui donne des résultats très variables aux tests. Il est bien connu aujourd’hui que le dépistage préconisé par les autorités sanitaires est peu performant. De nombreux cas de borréliose de Lyme bien réels échappent au diagnostic, et cela pose un problème majeur.
Selon les praticiens qui s’intéressent sérieusement et librement à cette maladie, il existe aujourd’hui un test (d’origine allemande) qui permet un diagnostic satisfaisant, mais qui n’est pratiqué que par quelques laboratoires. S’agissant d’un Immunoblot, réservé à la confirmation dans le protocole conventionnel, il n’est pas pris en charge par l’assurance maladie s’il est effectué en première intention, là où il est pourtant le plus performant !
Un traitement antibiotique adéquat, s’il est précoce
Lorsqu’une borréliose de Lyme est diagnostiquée à un stade précoce, soit par un érythème migrant (qui est suffisant par lui-même), soit par un test biologique dans un contexte évocateur, le traitement antibiotique de deux à six semaines, selon le produit utilisé et le protocole proposé, s’est révélé efficace dans la plupart des cas. Compte tenu des risques d’évolution de la maladie, le rapport bénéfice risque est évident.
Lors de phases plus tardives, les traitements antibiotiques semblent proposés faute de véritable solution. La préconisation de cures de longue durée pour des résultats hypothétiques montre qu’ils ne répondent pas à la situation. Et le rapport bénéfice risque, dans ce cas, est discutable.
Des traitements naturels qui interrogent
Comme dans la plupart des maladies émergentes face auxquelles la médecine conventionnelle est en difficulté, les thérapies naturelles proposent diverses solutions, par l’intermédiaire d’auteurs les ayant utilisées dans leur pratique, ou de sociétés qui commercialisent les produits concernés.
Ont ainsi été mis en avant, notamment, les huiles essentielles, l’extrait de pépins de pamplemousse, l’argent colloïdal, la griffe de chat. Diverses spécialités sont proposées, avec des argumentaires auxquels on peut attribuer de la bonne foi, mais qui ne reposent sur aucune preuve vérifiable. Ni l’action, ni l’absence d’action n’ont été validées, ce qui laisse dans le flou et renvoie chacun à ses propres croyances !
L’élément positif mis en avant est l’expérience de praticiens de santé qui constatent des bénéfices en appliquant certains protocoles proposés. Dans ces résultats, la part n’est pas souvent faite entre ce qui relève de la borréliose de Lyme ou d’autre chose, l’action du produit utilisé n’est pas dissociée des autres soins associés, et les informations sont rassemblées et transmises par ceux qui commercialisent le produit, avec un inévitable conflit d’intérêt !
Il convient donc d’être prudent et de garder un sens critique. Mais on peut aussi rester ouvert. L’absence de preuve des solutions naturelles conduit souvent au rejet systématique, avant même de se donner les moyens de l’évaluation. Une telle attitude prive de toute approche innovante !
Une maladie qui invite à une stratégie intégrative pragmatique
Les borrélioses de Lyme manifestent un polymorphisme clinique et des réponses variables aux tests biologiques. Leur diagnostic repose à la fois sur un examen clinique attentif et le recours si besoin à un examen de laboratoire, de préférence performant et adapté aux formes européennes de la maladie.
Poser le diagnostic sera évident dans certains cas, beaucoup moins dans d’autres, obligeant à faire le choix de le retenir ou pas. La médecine étant un art plus qu’une science, faire ce choix est légitime pour un praticien qui s’est donné les moyens de connaître et de prendre en charge cette maladie.
Une fois le diagnostic retenu, il convient alors d’utiliser les traitements qui ont faits leurs preuves.
– Si ceux-ci sont tolérés par l’organisme, les antibiotiques suivant les protocoles validés pour cette maladie sont la solution qui présente la meilleure garantie de succès pour les phases précoces de la maladie.
– En revanche, pour les phases tardives, il faut bien reconnaître que les solutions conventionnelles n’ont pas fait leurs preuves et peuvent induire des engrenages thérapeutiques qui peuvent devenir néfastes. Il est alors tout à fait légitime d’avoir recours à des solutions naturelles, soit générales qui agissent sur le terrain, soit spécifiques qui sont ciblés sur la maladie, dans la mesure où elles ne présentent pas ou peu de danger, et qu’il y a des précédents d’amélioration qui demandent à être confirmés.
L’un des fondements de la médecine intégrative est de faire au mieux pour favoriser la guérison, avec tous les outils existants, en nuisant le moins possible à la santé générale, dans une approche globale, personnalisée et pragmatique, libérée de tout dogme qui empêcherait de voir le bénéfice des soins non conformes à son point de vue.
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Dossier complet en téléchargement libre : Borrélioses de Lyme